"Je pense que les gilets jaunes sont sincères, et qu'ils sont vraiment dans la misère et physique et morale." Invité de Et en Même Temps ce dimanche soir, l'auteur, compositeur et interprète Pierre Perret, né en 1934 dans une famille modeste, assure que ses parents auraient été gilets jaunes, et soutient la mobilisation actuelle, "un mouvement nécessaire aujourd'hui".
"Mes parents quand j'étais enfant ils tenaient un café et il n'y avait que des pauvres gens pour qui le mois s'arrêtait le 14. Ils n'avaient plus rien, ils vivaient vraiment misérablement. Une couche de la société française a retrouvé ces choses des années 1945/1950, cette façon de vivre, et c'est très brutal (...) Aujourd'hui on n'a pas le droit de retomber là-dedans", souligne Pierre Perret.
Sur BFMTV, il critique le gouffre entre le luxe proposé et encouragé tous les jours, et le portefeuille vide des gilets jaunes: "Ils n'en peuvent plus de ne jamais partir en vacances, de ne pas pouvoir acheter des pompes à leur gosse et de ne pas pouvoir mettre quelque chose dans la marmite qui soit plus consistant que des nouilles."
Le chanteur tacle au passage le gouvernement français, critiquant les mesures socio-économiques, concernant les retraites ou la baisse des APL: "c'est une honte", lance-t-il. "Ils ont enchaîné les maladresses, ils ont fait des cadeaux, mais pas aux pauvres (...) et ces gens là comment voulez-vous qu'ils se défendent, s'ils ne descendent pas à un jour dans la rue?" déclare Pierre Perret. Pour lui, le mouvement n'aurait jamais perduré si dès le départ, le gouvernement avait fait un geste sur le prix du carburant.
Il reconnait toutefois des troubles au sein du mouvement des gilets jaunes qu'il qualifie de "pur au départ": "J'ai très peur, car ils sont en train de se faire récupérer par des tas de salopards à droite, à gauche, et on fait l'amalgame à la fin."
Pour le compositeur, cette situation convient très bien au gouvernement: "On sème des petits cailloux pernicieux autour d'eux pour justement les écarter, annihiler leur mouvement (...) Qu'est ce qu'on attend d'eux - et le gouvernement entre autres j'en suis persuadé? C'est qu'ils s'essoufflent, qu'ils perdent du poids, de la vitesse... Et finalement les casseurs qui mènent le trouble ne sont pas si mal venus que ça...".