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Vu au macroscope 3
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  • Petite revue d'actualités sur des sujets divers: géopolitique, économie, santé etc.... Le titre est inspiré de l'ouvrage de Joël de Rosnay : "le macroscope - Vers une vision globale" - 1er février 1977 Une introduction à l'étude des systèmes complexes.
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18 mars 2019

Éric Delbecque: «L'ultra-gauche joue un rôle déterminant dans la propagation de la violence»

Par Alexandre Devecchio    //   LE FIGARO

Publié le 17/03/2019 à 17h41

Éric Delbecque est expert en sécurité intérieure et auteur d'un livre intitulé Les Ingouvernables, de l'extrême gauche utopiste à l'ultragauche violente (Grasset).

 

- Crédits photo : Grasset

LE FIGARO.- Les violences qui ont accompagné la manifestation parisienne sont-elles le fait de «gilets jaunes» radicalisés ou portent-elles la marque de l'ultra-gauche que vous décrivez dans votre livre?

Éric DELBECQUE.  - L'ultra-gauche joue un rôle déterminant dans la propagation de la violence. Je crois que la formule de «“gilets jaunes” radicalisés» ne correspond à aucune réalité. Aujourd'hui, nous voyons agir trois types d'individus  des troupes de l'ultra-gauche, des adeptes de la violence qui portent un gilet jaune pour se donner un prétexte politique et des casseurs qui veulent piller et faire leurs courses. Il y a sans doute quelques éléments de l'ultra-droite groupusculaire mais c'est une composante marginale.

S'agit-il de zadistes, de black blocs? Quelle différence?

«Faire passer les policiers et les gendarmes pour des brutes se révèle d'une bêtise insondable»

Éric Delbecque

Les black blocs ne sont pas un mouvement, mais un mode opératoire. Leur but est de défier les forces de l'ordre et de mener une véritable guerre de l'information dont les buts stratégiques prioritaires sont les suivants: témoigner de leur force de frappe, provoquer la police et la gendarmerie en espérant des dérapages permettant d'installer la thèse malhonnête des «violences policières». Signalons au passage que dans notre démocratie, c'est une formule qui n'a pas de sens. Il arrive que des manquements à la déontologie se produisent (ils sont alors réellement sanctionnés): en revanche, faire passer les policiers et les gendarmes pour des brutes se révèle d'une bêtise insondable. Sous les capuches et les cagoules noires se retrouvent des militants de l'ultra-gauche qui peuvent être ou avoir été des zadistes, des antispécistes violents, des militants de l'anarchisme autonome, des héritiers intellectuels du syndicalisme révolutionnaire et des adeptes des multiples courants de la galaxie contestataire ultra-gauchiste.

Pourquoi ces groupuscules connus des services de police ne sont pas arrêtés et maîtrisés?

«L'ensemble des radicalités politiques constitue le danger prioritaire qui menace notre pays»

Éric Delbecque

Certains sont identifiés, d'autres réussissent à passer en dessous du radar, d'autres sont de nouvelles recrues. Il faut travailler sur la cartographie exacte de cette radicalité politique. Tout le problème se situe là: nous nous sommes concentrés dans les dernières années sur le terrorisme islamiste, ce qui est totalement compréhensible, mais en sous-estimant le potentiel de nuisance d'autres radicaux, ultra-gauche en tête. Nous devons comprendre que l'ensemble des radicalités politiques (islamisme radical, ultragauche et ultra-droite) constitue le danger prioritaire qui menace notre pays.

Comment définissez-vous ces groupuscules sur le plan idéologique. Vous les appelez les «ingouvernables» ou encore les «HipPunk». Pourquoi?

Parce que leur première caractéristique est le refus de l'autorité en général, donc de l'État. Ils ne refusent pas seulement le capitalisme, mais toutes les «dominations». Ils ne veulent «obéir» à personne. C'est ainsi que l'on peut expliquer le projet zadiste: la «zone à défendre» est une «zone d'autonomie temporaire» qui vise à devenir définitive… Sur cet espace, il s'agit d'échapper aux lois de la République. C'est un rêve d'autogestion poussé à ses conséquences ultimes. Chacun ses mythes! Le problème, c'est que certains entendent utiliser la violence pour parvenir à réaliser leur objectif: la multiplication des ZAD et la fragilisation de l'État, du pouvoir en général.

Ces groupes font prévaloir la tribu ou la communauté sur l'individuou la nation?

C'est forcément ce qui advient lorsque l'on refuse les fondamentaux de l'État-nation. L'absence d'État, l'anarchie, n'est pas synonyme d'émancipation. Les «ingouvernables» finissent par créer des groupes qui font prévaloir le tout sur les parties, le collectif sur les individus.

Émeutes à Grenoble, violences à Paris… Les territoires perdus de la République et les ZAD tendent-ils à se démultiplier? Dans votre livre, vous évoquez le spectre d'une «France léopard». De quoi s'agit-il?

Les espaces qui échappent à la République tendent à devenir de plus en plus «autonomes». Nous renonçons progressivement à les récupérer un jour… Le message envoyé est le suivant: «Si vous parvenez à tenir en respect l'autorité républicaine suffisamment longtemps, vous finirez par vous rendre indépendants de la loi commune.» La France léopard, c'est l'avenir d'une nation qui prendrait l'habitude de voir son territoire devenir un gruyère socio-politique et idéologique: une enclave salafiste par ici, une communauté zadiste dans un autre coin, un quartier devenu une zone criminelle échappant au système judiciaire. Le contraire même de la civilisation telle que l'Europe la rêve depuis des siècles…

Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 18/03/2019. Accédez à sa version PDF en cliquant ici

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