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Vu au macroscope 3
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  • Petite revue d'actualités sur des sujets divers: géopolitique, économie, santé etc.... Le titre est inspiré de l'ouvrage de Joël de Rosnay : "le macroscope - Vers une vision globale" - 1er février 1977 Une introduction à l'étude des systèmes complexes.
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2 mai 2019

Le Mur de l’Ouest n’est pas tombé, d’Hervé Juvin

Le Mur de l’Ouest n’est pas tombé, d'Hervé Juvin

22 avril 2016          //         Revue Conflits

« Si les Ricains n’étaient pas là… », chantait un barde tricolore au crépuscule des années 1960. Au plus fort des Trente Glorieuses, il était de bon ton de considérer les États-Unis comme un grand frère désintéressé. Quarante ans plus tard, la fable du gentil Oncle Sam continue à abreuver les troupeaux d’atlantistes au service d’une Europe biberonnée au plan Marshall.

Hervé Juvin, Le Mur de l’Ouest n’est pas tombé

Rien de tel dans le dernier essai d’Hervé Juvin, Le Mur de l’Ouest n’est pas tombé (Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2015), aux confins de la géopolitique, de l’économie et de l’anthropologie culturelle. En brillant touche-à-tout, Juvin croise les disciplines pour délivrer un message limpide : le mondialisme a pour nom American way of life, et comme adresses les sièges de la Maison-Blanche, de la Réserve fédérale, des multinationales et autres ONG américaines.

Avec comme support humanitaire l’idéologie des droits de l’homme, notamment portée par les French doctors, la fiction d’un individu déraciné, simple Homo œconomicus sans patrie ni frontières, s’est déversée sur une Europe en pleine crise identitaire. De traité en traité, l’Union européenne refuse ainsi de définir son identité (gréco-latine et chrétienne), se projetant dans l’illusion lyrique d’un futur radieux libéré du tragique de l’Histoire. Entendons-nous bien : il n’y a nul complot dans l’obstination des dirigeants européens à abdiquer leur souveraineté. Si le traité transatlantique prévoit la mise en coupe réglée des entreprises européennes, bientôt justiciables devant les cours de justice outre-Atlantique, aucun esprit malin ne se cache derrière ce wilsonisme juridique. Qu’il s’agisse de l’Ukraine, de la Syrie ou de la gestion de la crise des migrants, nos gouvernants alignent leurs positions sur les délibérations de l’OTAN, de l’OMC et des autres institutions internationales au nom d’un intérêt euro-atlantique introuvable.

Dans un monde où l’administration des choses tend à remplacer le gouvernement des hommes, l’assomption libérale du droit dans le marché érige le juge américain en dépositaire de l’imperium par-delà ses frontières. Ainsi, les grands groupes européens accueillent-ils fréquemment des représentants de la justice commerciale américaine afin de se conformer au droit étasunien – sans réciprocité aucune.

Au fil des pages, l’auteur de La Grande Séparation ébauche les contours d’une écologie humaine « riche en mondes » où la diversité servirait de principe directeur au respect des identités. Ayant à l’esprit la fonction émancipatrice des frontières, sans lesquelles nulle liberté politique n’est possible, Hervé Juvin nous rappelle que le monde n’est pas plus une marchandise qu’un brevet industriel. Loin du provincialisme de la plupart des « experts » médiatiques, notre homme se fait l’apôtre d’un monde multipolaire, que Russes et Chinois tentent désormais d’esquisser.

Vingt-cinq ans après la chute du rideau de fer, le bouclier anti-missiles américain étant passé par là, les missiles sont à l’Ouest et les pacifiques à l’Est. Appeler à la décolonisation de l’Europe est donc salutaire !

D.B.

Hervé Juvin, Le Mur de l’Ouest n’est pas tombé, Pierre-Guillaume de Roux, 288 pages, 23 euros
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