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Vu au macroscope 3
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  • Petite revue d'actualités sur des sujets divers: géopolitique, économie, santé etc.... Le titre est inspiré de l'ouvrage de Joël de Rosnay : "le macroscope - Vers une vision globale" - 1er février 1977 Une introduction à l'étude des systèmes complexes.
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26 mai 2019

EUROPEENNES - L'état de la France et de l'U.E. par Jacques SAPIR 23 mai 2019

Dures réalités . Le pilote actuel du bateau France réussit à:
- Brader les richesses de la France, et
- Détruire son influence et sa capacité à faire entendre sa voix en Europe et dans le monde.
- et en plus la cible Russie (ce qui n'est pas sans rappeler ce pays qui voue une haine tenace à tout ce qui lui fait obstacle dans sa sempiternelle conquête impériale)

Le bateau coule.
3 h ·

Je publie ici la traduction de l'interview accordée au correspondant de la Rossiskaya Gazeta, interview publiée le 23 mai.

 

Q- Quel est l’état de l’UE quelques jours avant les élections Européennes ? Les contradictions principales, la crise ? (Brexit qui a montré la faiblesse de décision des dirigent de l’UE etc.…)

L’Union européenne arrive dans un état de grand affaiblissement aux élections pour le Parlement européen. Si l’on a beaucoup parlé du Brexit, de la décision de quitter l’UE prise par les électeurs britanniques, on a moins noté des changements importants qui ont affecté les pays membres comme la Commission. De fait, aujourd’hui, les lignes de fractures au sein de l’UE se multiplient, et ce en dehors même du Brexit. La plus évidente est celle qui existe désormais clairement entre la France et l’Allemagne. Le « couple » franco-allemand, qui n’a jamais eu de réalité mais uniquement une apparence, a volé en éclat. L’Allemagne, depuis plusieurs années, a un ordre du jour précis, qui ne tient pas compte des intérêts légitimes des autres pays. A ce problème, il convient d’ajouter la fracture nette qui existe entre les anciens pays du bloc soviétique (Pologne, Hongrie, République Tchèque, Slovaquie, Bulgarie et Roumanie) et les pays du noyau historique de la CEE puis de l’UE. Cette fracture est aujourd’hui évidente tant dans le domaine de la culture politique que sur des problèmes très précis, comme la question de l’immigration. Enfin, au sein même du noyau occidental de l’UE, les oppositions de pays comme l’Italie (qui pourrait avec l’Autriche faire front commun avec la Hongrie et le Pologne) mais aussi des pratiques non-démocratiques qui se développent en Espagne (sur la répression des indépendantistes catalans) voire en France (avec la répression du mouvement des Gilets Jaunes), posent de véritables problèmes existentiels à l’UE.
Ces différents problèmes sont aggravés par les conditions de prise de décision au sein de l’UE, où existent en réalité plusieurs centres de décision (la Commission, le Conseil européen, l’Allemagne), qui ne sont pas coordonnés.

 

Q-Pourquoi les citoyennes européennes et françaises en particulier ne s’intéressent en général à ces élections ? (Selon sondage IFOP seulement 32 % des jeunes (18-25 ans) pourront voter le 26 mai).

L’UE ne fait plus rêver. Le « projet européen » des années 1950 à 1970 s’est dissous dans la concurrence impitoyable que se livrent désormais les pays membres au sein du fameux « marché unique ». Il est donc logique que l’UE décourage les gens et en particulier les jeunes. Le fameux projet Erasmus n’a touché qu’un nombre très limité de jeunes et il est trop élitiste pour peser sur les représentations de la classe d’âge des 18-25 ans.

 

Q- En fait, quel est le rôle actuel du Parlement européen dans la structure de l’UE ?

Son rôle est très faible. Il n’a pas l’initiative des règlements, et il est sous la double tutelle de la Commission et du Conseil Européen.

 

Q- Est-ce que ces élections peuvent changer quelque chose dans la vie des européens ?

Clairement, non. Les institutions européennes sont organisées de manière à ce que la voix des électeurs ne puisse avoir la moindre conséquence sur les politiques décidées.

 

Q- Ne pensez-vous pas que la participation des anglais à ces élections soit une absurdité criante ?

Elle est effectivement absurde mais pas inintéressante. Ces élections peuvent donner aux britanniques de réaffirmer leur volonté de quitter l’UE. La très forte montée dans les sondages du Brexit Party de Nigel Farage est très significative de ce point de vue. Ce parti, créé tout spécialement pour ces élections, pourrait rassembler autant d’électeurs que les conservateurs et les travaillistes réunis. Si cela se vérifie, ce serait un choc important pour la classe politique britannique qui n’a pas accepté de gaieté de cœur le Brexit.

 

Q-En France les élections européennes sont-elles avant tout un référendum contre (or pour) Emmanuel Macron ? Es-ce la même situation dans d’autres pays de l’UE ? (les élections vues en fonctions des situations nationales)

En France, très clairement, ces élections sont déterminées par le contexte franco-français. Elles prendront donc la dimension d’un référendum pour ou contre le pouvoir. Le fait qu’Emmanuel Macron ait pris ouvertement position pour une liste, sortant ainsi de son rôle de Président de la République, ne peut qu’accentuer ce phénomène. C’est lui qui, en réalité, a choisi de faire de ces élections un vote sur sa politique. De ce point de vue, il n’est pas anodin que la liste LREM-Renaissance de Nathalie Loiseau, la liste soutenue officiellement par Emmanuel Macron soit battue. Une défaite de cette liste affaiblirait considérablement Emmanuel Macron.

 

Q-Macron se voit le leader et « sauveur » de l’euro-intégration. Quel est votre avis ?

Dès avant son élection, Emmanuel Macron avait affirmé qu’il voulait réformer l’UE dans un sens plus intégrationniste, plus fédéraliste. D’où, son discours sur la « souveraineté européenne », une notion qui n’a pas de sens puisqu’il n’y a pas de peuple européens, mais DES peuples européens. Il a cherché, dès son élection, à mettre en avant un ordre du jour fédéraliste. Mais, pour ce faire, il aurait dû rechercher l’appui d’autres pays. Or il a cru, et c’est sa grande erreur, qu’il pouvait s’appuyer sur l’Allemagne pour faire avancer cet ordre du jour. En fait, l’Allemagne n’a aucun intérêt, aucune appétence, pour une UE fédérale. Elle est aujourd’hui le pays dominant de l’UE et cela lui suffit amplement. Le résultat est donc que Macron s’est brouillé d’abord avec les pays qui auraient pu soutenir son projet, puis il s’est heurté à une fin de non recevoir de la part des Allemands. Il est donc aujourd’hui parfaitement isolé sur sa position et la France a perdu toute capacité de peser sur l’avenir de l’UE.

 

Q-La question des Gilets Jaunes – quel impact sur les élections ?

Le mouvement des Gilets Jaunes a eu une influence considérable sur la vie politique française. C’est lui qui a en réalité fait dérailler le projet politique d’Emmanuel Macron. L’impact des Gilets Jaunes sur ces élections est donc considérable, même s’il est très indirect. Je ne pense pas qu’une liste se réclamant des Gilets Jaunes puisse avoir un résultat significatif. Mais, cela n’a pas d’importance. Le mouvement a en un sens déjà remporté une victoire significative en affaiblissant considérablement Emmanuel Macron.

 

Q-Est-ce que une percée des eurosceptiques est inéluctable et pourquoi (déception des électeurs etc.) ?

Cette percée est très probable, même si nous ne pouvons savoir quelle sera son ampleur. Il faudra sur ce point surveiller les résultats de l’Italie, ou la liste de la Lega pourrait dépasser les 33-35%. Sur le fond, les causes de ce succès sont évidentes. L’UE n’a rien tenu des promesses faites lors de sa constitution. Le mouvement dit « eurosceptique » ne cesse de gagner dans les différents pays de l’UE en conséquence.

 

Q-Les élections et la Russie: quels rapports et perspectives ?

Je ne crois pas que ces élections puissent avoir un impact profond sur l’état des relations entre l’UE et la Russie, relations qui sont mauvaises pour des raisons avant tout idéologiques. Par contre, il est probable que certains pays de l’UE, l’Italie en particulier, s’opposeront à la reconduction des sanctions au mois de juin. Ceci est donc à surveiller.

 

Q- A la veille des élections des attaques russophobes (Vera Yurova , commissaire européen à la justice, insinue que la Russie pourrait « influencer » les élections en sa faveur. Ministre des affaires étrangères du Lituanie Linkiaviches : « Russie cherche à déstabiliser l’UE » Le New York Times publie l’article dans laquelle prétende que les « sources lies a la Russie » propages diffuse des fausses informations sur le fonctionnement de l’Union européenne ou de l’Otan). Quelle est ton analyse là-dessus ?

Très clairement, les dirigeants des institutions de l’UE ont trouvé dans la Russie un bouc émissaire parfait pour toutes leurs erreurs et leurs insuffisances. Ils vont donc certainement continuer à jouer la petite musique de la vilaine Russie qui veut la mort de la belle Europe. Mais, si l’UE se meurt, c’est de ses propres défauts et de ses propres erreurs, et tout le monde le sait pertinemment.

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