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  • Petite revue d'actualités sur des sujets divers: géopolitique, économie, santé etc.... Le titre est inspiré de l'ouvrage de Joël de Rosnay : "le macroscope - Vers une vision globale" - 1er février 1977 Une introduction à l'étude des systèmes complexes.
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28 août 2019

Politique américaine envers la Russie : y a-t-il un pilote dans l'avion US ?

 Karine Bechet-golovko

Alors que Trump, réaliste, veut inviter la Russie et restaurer le G8 afin de pouvoir régler les questions internationales de manière plus efficace, Volker et Bolton prennent le contre-pied et exigent, au nom des Etats-Unis, l'abandon préalable de la Crimée. Un conflit qui illustre parfaitement la crise du Clan atlantiste après sa défaite en Ukraine, ayant entraîné la perte pour l'Ukraine de la Crimée et la guerre civile dans le Donbass. A juste titre, la Russie reste calme, ne rejetant pas le dialogue, mais estimant que ces rencontres doivent avoir un but concret, ce qui n'est pas pour l'instant le cas. Analyse dans le lien d'une faille intéressante.

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mercredi 28 août 2019 //    russiepolitics

Politique américaine envers la Russie : y a-t-il un pilote dans l'avion US ?
Le G7 fut l'occasion d'une passe d'armes entre le Président américain Donald Trump et une bonne partie des autres pays membres, à l'exception notable de la France, quant à un potentiel retour de la Russie dans ce Club très privé. Qu'un désaccord sur des questions stratégiques ait lieu entre différents pays est chose courante, en revanche le conflit intérieur quant à la ligne politique des Etats-Unis est plus surprenant. L'on peut d'ailleurs se demander s'il y a un pilote dans l'avion US ...



Chacun se souviendra de l'opposition entre Trump et notamment Tusk au G7, au sujet du retour de la Russie, auquel Tusk préférait voir une entrée de l'Ukraine (voir notre texte ici). Si ces oppositions sont normales, les intérêts des uns ne correspondant que très rarement à celui des autres, il est beaucoup plus surprenant de voir la réaction quasi immédiate d'officiels américains, soutenant manifestement beaucoup la position radicale de Tusk que celle rationnelle de Trump, pragmatique, pour qui il est plus facile de résoudre un certain nombre de questions avec la Russie que sans elle.
Pour comprendre la suite, rappelons-nous que le retour de la Russie dans un nouveau G8 est conditionné, pour les Européens, à sa "bonne conduite" sur le dossier ukrainien, ce qui concerne  concrètement la guerre civile (donc ukraino-ukrainienne) du Donbass. Or, pour les Etats-Unis, la question est beaucoup plus large. Alors qu'en France, le porte-parole informel de l'Elysée sur BFM, l'incontournable Barbier déclarait que la Crimée était russe et le restera, le représentant des Etats-Unis en Ukraine, Kurt Volker, conditionne le retour à un G8 à l'abandon de la Crimée par la Russie, dans une interview qu'il donne à une chaîne ukrainienne et que le Département d'Etat américain  twitte en russe, pour être certain d'être compris :
Ainsi, la Russie a été exclue du G8 redevenu G7 en 2014 en raison du rattachement de la Crimée à la Russie après un référendum d'initiative populaire d'indépendance de la population locale suite à la révolution du Maidan (les Ukrainiens reconnaissent le caractère révolutionnaire du Maidan). Or, cette révolution a mis fin à l'Etat ukrainien, tel que découlant de la chute de l'URSS, ce qui a permis, dans ce vide, aux Criméens de remettre en cause le contrat social et de demander leur rattachement à la Russie. Sans la révolution atlantiste du Maidan, l'Etat ukrainien aurait continué à exister sans rupture et le contrat social n'aurait pas été remis en cause, ce qui n'aurait pas entraîné la perte de la Crimée et la guerre civile dans le Donbass.
Le Clan atlantiste ne peut effectivement accepter et ni reconnaître les conséquences désastreuses de cette politique expansionniste à coup de révolutions et a sanctionné la Russie, puisqu'il faut bien un responsable. Or, les Etats-Unis ne s'excusent jamais de leurs actions. S'ils ne se sont pas excusés pour les bombes atomiques au Japon, ils ne vont certainement pas se poser de questions, quant aux conséquences désastreuses pour les pays concernés par les guerres et révolutions menées de par le monde. Revenir au G8 est donc inacceptable - et impensable - pour eux dans ce contexte.
L'abandon par la Russie, non seulement de son soutien humanitaire et technique au Donbass, mais surtout de la Crimée est fondamental pour que ce Clan puisse à nouveau respirer et affirmer être le Clan du Bien contre le Mal. Tant que la Crimée reste russe, leur échec est flagrant et leur toute-puissance remise en cause. D'où la sortie de Volker, membre du Clan atlantiste. D'où les déclarations de Bolton à Kiev rappelant son soutien "au peuple" ukrainien, qui s'est battu contre "l'agresseur russe" :
Ce que l'on voit parfaitement apparaître ici est la frontière idéologique qui traverse les Etats-Unis. D'un côté, vous trouvez Trump, se battant pour un retour de la Russie dans le Concert des Nations, déclarant vouloir l'inviter en 2020, car la Russie étant redevenue un acteur qui compte, il est impossible de régler les questions internationales sans elle. Position pragmatique. De l'autre côté, le Clan atlantiste se débat dans les décombres de sa toute-puissance, qui sans plus être omnipotent est quand même encore très puissant et ne peut accepter un retour de la puissance russe sur la scène internationale. Position idéologique.
Dans cette cacophonie montante, la Russie reste calme. Tant face à une restauration du G8, le Président Poutine rappelant à juste titre que, sur le plan économique et stratégique, le G20 est plus efficace, car les véritables puissances montantes aujourd'hui y sont représentées. Tant face à l'urgence de Macron et de Merkel d'entraîner la Russie dans un Format Normandie, le ministre russe des Affaires étrangères Lavrov rappelant très justement que ces réunions ne sont pas un but en soi - pourquoi pas, mais il y a des choses - concrètes - à faire avant, choses qui dépendent principalement de l'Ukraine ...
Bref, ce petit combat est celui du Clan atlantiste qui a besoin de faire plier la Russie pour conforter son hégémonie. De son côté, la Russie semble à juste titre assez indifférente : elle n'est pas a piori contre, mais elle n'est pas non plus pressée d'accepter ce qui n'a pas encore été officiellement formulé, car finalement l'important est ailleurs.
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