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  • Petite revue d'actualités sur des sujets divers: géopolitique, économie, santé etc.... Le titre est inspiré de l'ouvrage de Joël de Rosnay : "le macroscope - Vers une vision globale" - 1er février 1977 Une introduction à l'étude des systèmes complexes.
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24 septembre 2019

Pourquoi Greta Thunberg attaque la France et pas la Chine ou les États-Unis

24/09/2019    //   huffingtonpost
Pourquoi Greta Thunberg attaque la France et pas la Chine ou les États-Unis

Une plainte a été déposée par seize jeunes contre cinq gros pollueurs. Sont cités la France, l'Allemagne, la Turquie, le Brésil et l'Argentine, mais pas les deux plus mauvais élèves mondiaux. Pourquoi?

Par Paul Guyonnet

KENA BETANCUR via Getty Images
Lundi 23 septembre, seize jeunes ont attaqué la France, la Turquie, le Brésil, l'Argentine et l'Allemagne pour inaction contre le changement climatique. 

ENVIRONNEMENT - “Je n’ai pas l’impression que le gouvernement français ou le gouvernement allemand soient en train de bloquer...” Ce mardi 24 septembre au lendemain de la plainte déposée par seize jeunes et visant notamment les deux pays européens pour inaction climatique, Emmanuel Macron s’est montré circonspect au micro d’Europe 1

Et pour cause, celui qui a été fait “Champion de la Terre” est convaincu que ce n’est pas du côté de la France qu’il faut chercher les mauvais élèves de la défense de l’environnement. Dans le vol qui l’emmenait vers New York, il a par exemple déclaré à des journalistes que ceux qui marchent chaque vendredi pour défendre le climat feraient mieux d’aller en Pologne, là où l’on bloque les textes européens visant à mettre en place un agenda ambitieux en matière de politique verte. 

En clair, Emmanuel Macron aurait aimé que d’autres que la France soient la cible d’attaques des militants pro-environnement. Et pourtant, au nom des droits de l’Enfant, Greta Thunberg et quinze autres jeunes ont bel et bien attaqué Paris, ainsi que l’Allemagne, l’Argentine, le Brésil et la Turquie. Cinq gros pollueurs qui pèsent environ 6% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, soit bien moins que les champions du secteur: la Chine et les États-Unis, à peu près autant que l’Inde seule et à peine plus que la Russie.  

Une plainte liée aux droits de l’Enfant

Or l’objectif de la plainte est de contraindre les pays visés à travailler avec les autres nations dans le but de fixer des objectifs, contraignants, de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ce qui représenterait un revirement d’importance par rapport aux us et coutumes de ces dernières années, où les États s’engageaient (ou pas) à essayer de tenir des objectifs, mais sans rien risquer de concret. 

Mais pourquoi alors avoir délibérément visé des pays qui sont loin d’être les pires en matière de pollution? Pour le comprendre, il faut regarder ce qui motive la plainte. Celle-ci a effectivement été déposée par le cabinet spécialisé dans le droit international Hausfeld en vertu de la Convention internationale des droits de l’Enfant, soit le texte lié aux droits humains le plus largement ratifié au monde, et qui pose les bases des droits inaliénables des enfants dans le monde. Elle contient par exemple le droit à la vie, à la santé, à la paix, à l’éducation... 

Des conditions qui seraient, à en croire la plainte, menacées par l’inaction climatique, qui causerait la maladie, la mort, le déracinement des enfants des pays concernés. “La plainte représente des jeunes gens qui tiennent leurs protecteurs, c’est-à-dire nous les adultes, comme incapables de remplir leurs obligations de protection.”

Sauf que...  les États-Unis, la Chine ou encore l’Inde font partie des rares pays à ne pas avoir ratifié la fameuse Convention, ce qui les rend inattaquables via cette justification. 

Les pays visés ont tous ratifié un protocole qui leur permet d’être attaqués 

C’est pour cela qu’Alexandria Villaseñor, l’une des leaders de la branche américaine du mouvement des jeunes pour le climat, Ayakha Melithafa, l’adolescente sud-africaine qui craint la raréfaction de l’eau dans son pays, Debbie Adegbile, la Nigériane de 12 ans qui souffre d’un asthme de plus en plus terrible à cause des vagues de chaleur qui frappent sa ville, Carlos Manual, le jeune homme qui voit l’eau monter sans arrêt autour de son île de Palau, et tous les autres signataires de la plainte ont tenu à attaquer, entre autres, la France. 

Et ils n’ont pas non plus choisi leurs cibles au hasard. La Turquie produit des quantités impressionnantes de charbon, comme l’Allemagne, le Brésil contribue au réchauffement climatique et à la pollution de l’air avec les feux déclenchés volontairement en Amazonie, etc. Et ces cinq pays ont tous ratifié le troisième protocole optionnel de la Convention internationale des droits de l’Enfant, qui permet à une enfant, n’importe où dans le monde, d’attaquer l’un des signataires s’il ne tient pas ses engagements. Un mécanisme qui n’existe que depuis 2014, mais qui n’avait pas encore reçu beaucoup d’attention, en particulier pour ce qui est du changement climatique. 

Désormais, si le comité de dix-huit experts internationaux des droits de l’Enfant juge que le changement climatique a effectivement un effet néfaste sur la vie des plaignants, alors les conséquences pourraient être considérables. Le processus prévoit que les signataires jugés coupables par le comité quittent la Convention, ou pour y rester soient contraints de prendre des mesures drastiques pour corriger ce par quoi ils ont péché. D’après les experts, la demande des seize jeunes de mesures immédiates et d’une coopération accrue au niveau international pourrait même s’appliquer dans ce cas à l’ensemble des pays, qu’ils aient ratifié la Convention ou non. 

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