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Vu au macroscope 3
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  • Petite revue d'actualités sur des sujets divers: géopolitique, économie, santé etc.... Le titre est inspiré de l'ouvrage de Joël de Rosnay : "le macroscope - Vers une vision globale" - 1er février 1977 Une introduction à l'étude des systèmes complexes.
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6 octobre 2019

Poutine au Club Valdaî 2019 - Comment une superpuissance qui ne cesse de sanctionner perd son statut

6 octobre 2019      /Réseau International

par Moon of Alabama.

Le président russe Vladimir Poutine a pris la parole hier lors de la réunion annuelle du Club de Discussion Valdai à Sotchi. Une vidéo avec des traductions en anglais et des extraits de la transcription sont disponibles ici.

En ce qui concerne le système mondial Poutine a fait une comparaison historique intéressante :

« Au 19ème siècle, on parlait d’un « Concert des Pouvoirs ». Le temps est venu de parler en termes de « concert » mondial de modèles de développement, d’intérêts, de cultures et de traditions où le son de chaque instrument est crucial, inextricable et précieux, et où la musique doit être jouée harmonieusement plutôt que dans des notes discordantes, une cacophonie. Il est crucial de tenir compte des opinions et des intérêts de tous les participants à la vie internationale. Permettez-moi de le répéter : des relations vraiment respectueuses, pragmatiques et, par conséquent, solides, ne peuvent s’établir qu’entre des États indépendants et souverains.

La Russie est sincèrement attachée à cette approche et poursuit un programme positif« .

Le Concert de l’Europe a été l’équilibre des pouvoirs entre 1815 et 1848 et entre 1871 et 1914 :

« Une première phase du Concert de l’Europe, connue sous le nom de Système des Congrès ou Système de Vienne après le Congrès de Vienne (1814-1815), fut dominée par cinq grandes puissances européennes : Prusse, Russie, Grande-Bretagne, France et Autriche. Avec les révolutions de 1848, le système viennois s’est effondré et, bien que les rébellions républicaines aient été réprimées, un âge du nationalisme a commencé et culminé avec les unifications de l’Italie (par la Sardaigne) et de l’Allemagne (par la Prusse) en 1871. Le chancelier allemand Otto von Bismarck a recréé le Concert de l’Europe pour éviter que de futurs conflits ne dégénèrent en nouvelles guerres. Le concert revitalisé comprenait la France, la Grande-Bretagne, l’Autriche, la Russie et l’Italie, l’Allemagne étant la principale puissance continentale sur le plan économique et militaire« .

Le concert de Bismark a maintenu la paix dans une Europe généralement en guerre pendant 43 ans. Si Poutine veut être le nouveau Bismarck, je suis pour.

Poutine a également fait une annonce assez extraordinaire :

Le président russe Vladimir Poutine a déclaré que Moscou aide la Chine à mettre en place un système d’alerte en cas de lancement de missiles balistiques.

Depuis la guerre froide, seuls les États-Unis et la Russie disposent de tels systèmes, qui impliquent une gamme de radars terrestres et de satellites spatiaux. Ces systèmes permettent de repérer rapidement les missiles balistiques intercontinentaux.

S’exprimant lors d’une conférence sur les affaires internationales à Moscou jeudi, Poutine a déclaré que la Russie avait aidé la Chine à développer ce système. Il a ajouté que « c’est une chose très importante qui renforcera radicalement la capacité de défense de la Chine« .

Sa déclaration signalait un nouveau degré de coopération en matière de défense entre les deux anciens rivaux communistes qui ont développé des liens politiques et militaires de plus en plus étroits alors que Pékin et Washington se sont enlisés dans une guerre commerciale.

C’est aussi bon pour la Chine que pour la Russie. La Chine a un besoin immédiat d’un tel système parce que les États-Unis adoptent une position beaucoup plus belliqueuse à son égard.

Les États-Unis ont mis fin au Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire avec la Russie pour construire une force de missiles nucléaires en Asie du Sud qui visera la Chine. Ils sont maintenant à la recherche de pays asiatiques dans lesquels ils pourraient stationner ces armes. La Chine utilise sa puissance économique pour empêcher cela, mais les États-Unis sont susceptibles de réussir.

Alors que la Chine possède des armes capables et peut se défendre contre une attaque de moindre envergure, les États-Unis possèdent environ 20 fois plus d’ogives nucléaires que la Chine. Ils pourraient les utiliser dans une première frappe écrasante pour décapiter et détruire l’État chinois. Un système d’alerte rapide donnera à la Chine suffisamment de temps pour détecter une telle attaque et pour lancer sa propre force de dissuasion nucléaire contre les États-Unis.

Au cours des deux dernières années, la Russie et la Chine ont dévoilé leurs armes hypersoniques. À l’heure actuelle, les États-Unis n’ont ni de telles armes ni aucun système défensif qui puisse les protéger contre ces armes.

La Russie a été assez intelligente pour développer les deux – l’arme offensive super rapide et une défense contre elle. Via Andrei Martyanov, nous apprenons l’existence d’un communiqué de presse russe récent.

La déclaration du service de presse du district militaire de l’Ouest a annoncé :

« Les équipages du S-400, dans la région d’Astrakhan, ont organisé des exercices de combat contre des missiles hypersoniques « Favorit PM » et ont détruit toutes les cibles. Les équipages des S-400 Triumphs étaient issus des unités de défense aérienne de l’armée de l’air de Leningrad et de la défense aérienne du district militaire de l’Ouest« .

Et qu’est-ce que c’est que ce complexe de missile-cible « Favorit PM » ? Très simple, il s’agit d’un bon vieux S-300 P profondément modernisé qui permet d’utiliser des missiles de type 5V55 dont les explosifs ont été retirés et qui sont capables de voler dans l’atmosphère à des vitesses de Mach=6 (plus de 7000 kilomètres par heure). Ce sont de véritables cibles de missiles hyper-soniques et, de toute évidence, et je n’ai aucune raison d’en douter, le S-400 a eu très peu de mal à les abattre.

En plus du système d’alerte aux missiles, la Chine voudra aussi avoir le système de défense antimissile et aérienne le plus performant. La Russie lui fera une offre décente.

Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a parlé un jour plus tôt que Poutine. Son discours et les questions et réponses qui l’accompagnent sont ici. Le ton de Lavrov était plutôt fâché alors qu’il passait en revue une longue liste des péchés des États-Unis dans la région et au-delà. Des remarques intéressantes ont également été faites au sujet de la Turquie, de la Syrie et de l’Ukraine. Le passage le plus intéressant a été sa réponse à une question sur les sanctions US contre la Russie, auxquelles certains sénateurs veulent ajouter encore plus. Lavrov a déclaré :

« J’ai entendu dire que Marco Rubio et Ben Cardin sont deux célèbres membres anti-russes du Congrès US. Je ne pense pas que cela implique qu’ils aient de la prévoyance. Ceux qui ont une opinion plus ou moins mûre politiquement de la situation auraient dû se rendre compte depuis longtemps que les sanctions ne vont pas dans la direction qu’ils voulaient qu’elles aillent. Je crois qu’elles ne fonctionneront jamais. Nous avons un territoire et ses richesses qui nous ont été donnés par Dieu et nos ancêtres, nous avons un sentiment de dignité personnelle, et nous avons aussi les forces armées. Cette combinaison nous rend très confiants. J’espère que le développement économique et tous les investissements qui ont été faits et qui continuent de l’être porteront également leurs fruits dans un avenir proche« .

Les États-Unis adorent appliquer des sanctions à droite et à gauche et l’administration de Trump a augmenté leur utilisation. Mais les sanctions, en particulier les sanctions unilatérales, ne fonctionnent pas. Les États-Unis ne l’ont pas reconnu parce qu’ils n’ont jamais évalué si ces sanctions atteignent leurs objectifs. Un récent rapport du Government Accountability Office affirme :

« Les départements du Trésor, de l’État et du Commerce s’efforcent chacun d’évaluer l’impact de sanctions spécifiques sur les cibles de ces sanctions. Toutefois, les représentants des organismes ont mentionné plusieurs difficultés à évaluer l’efficacité des sanctions pour ce qui est d’atteindre les objectifs plus généraux de la politique US, notamment la difficulté d’isoler l’effet des sanctions des autres facteurs ainsi que l’évolution des objectifs de politique étrangère. Selon les représentants du Trésor, de l’État et du Commerce, leurs organismes n’ont pas effectué ces évaluations seuls« .

Les États-Unis sanctionnent encore et encore, mais ne vérifient jamais si les sanctions fonctionnent aux fins prévues. Les efforts visant à sanctionner la Russie ont certainement eu des conséquences involontaires. C’est la raison pour laquelle l’alliance entre la Chine et la Russie s’approfondit chaque jour davantage. Les États-Unis ont le privilège exorbitant d’avoir leur propre monnaie comme réserve internationale. La sanction des transactions en dollars US est la raison pour laquelle les États-Unis sont en train de perdre ce privilège :

« La société russe Rosneft a fixé l’euro comme monnaie par défaut pour tous ses nouveaux contrats d’exportation, y compris pour le pétrole brut, les produits pétroliers, les produits pétrochimiques et le gaz de pétrole liquéfié, selon les documents d’appel d’offres.

Le changement du dollar US, qui a eu lieu en Septembre selon les documents d’appel d’offres publiés sur le site Web de Rosneft, est destiné à réduire la vulnérabilité de l’entreprise contrôlée par l’État à de nouvelles sanctions US potentielles.

Washington a menacé d’imposer des sanctions à Rosneft pour ses opérations au Venezuela, ce que Rosneft affirme être illégal« .

L’Iran a pris des mesures comparables. Il vend maintenant du pétrole à la Chine et à l’Inde dans l’une ou l’autre des monnaies locales. D’autres pays en tireront certainement des leçons et commenceront aussi à utiliser d’autres devises pour leurs achats d’énergie. Au fur et à mesure que les transactions en dollars diminuent, ils commenceront également à utiliser d’autres devises pour leurs réserves.

Mais les États-Unis ne perdent pas leur statut unique de superpuissance financière à cause de ce que la Chine, la Russie ou l’Iran ont fait ou font. Ils le perdent parce qu’ils ont fait trop d’erreurs.

Les États qui, comme la Russie, ont fait leurs devoirs en profiteront.

Source : How An Ever Sanctioning Superpower Is Losing Its Status

traduction Réseau International

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