Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vu au macroscope 3
Vu au macroscope 3
  • Petite revue d'actualités sur des sujets divers: géopolitique, économie, santé etc.... Le titre est inspiré de l'ouvrage de Joël de Rosnay : "le macroscope - Vers une vision globale" - 1er février 1977 Une introduction à l'étude des systèmes complexes.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
16 octobre 2019

Grandes Ecoles : l'Elysée accusé d'avoir fait un concours spécial pour des juifs

Une dizaine d'étudiants juifs devraient bénéficier de sessions nocturnes aux concours des grandes écoles (AFP)

Selon Mediapart, l'Elysée aurait organisé dans le plus grand secret des sessions privées pour des étudiants juifs aux concours de quatre écoles. Une démarche périlleuse dans un temps où la majorité se targue de défendre la laïcité.

Par L'Obs

 

Publié le 13 avril 2011     //             nouvelobs

Des sessions ultra-secrètes au concours commun (Mines et Ponts), et au concours de Centrale et Supélec pour une dizaine d'étudiants juifs ? C'est l'idée qui serait née dans l'esprit du chef de l'Etat, au moment même où il organisait le débat sur la laïcité, apprend-on, mardi 12 avril, sur Mediapart.

D'après le site d'information, c'est ce qui devrait se passer les 20 et 26 avril prochains, jours de la Pâque juive. La première date correspond au premier jour du concours commun (du 20 au 22 avril) et la seconde au premier jour des concours de Centrale et Supélec  (du 26 au 29 avril).

Alors que 13.000 autres candidats au concours plancheront le 20 avril dès 8 heures du matin, une dizaine d'étudiants juifs, en ayant fait la demande, seront confinés jusqu'au soir sous étroite surveillance afin qu'aucune information concernant le concours de la journée ne leur parvienne.

Ils débuteront leur épreuve à 22 heures et la termineront à 2 heures du matin. Ils assisteront au deuxième jour d'examen le lendemain, à 8 heures du matin. Le système est censé être identique le 26 avril.

Arielle Schwab, présidente de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), affirme à Nouvelobs.com que "c'est un problème qui concerne quatre à sept élèves juifs très pratiquants qui se trouvaient dans une situation compliquée avec d'un côté la volonté de suivre la Pâque juive et de l'autre leur désir très présent de réussir leurs études".

Elle ajoute que ces quelques étudiants étaient animés par une volonté d'équité "d'où la composition décalée sur le même sujet et la quarantaine pendant que les autres étudiants seront en examen". Ils pourront ainsi suivre la pratique, très contraignante, de leur culte qui leur interdit de travailler, donc d'écrire, ces deux jours de la Pâque juive. 

 

Contraire à la loi ?

La loi et la jurisprudence française encadrent strictement le déroulement et l'organisation des concours aux grandes écoles.  

Les dates des concours sont fixées en fonction des jours fériés officiels (fêtes catholiques) mais aussi des "dates religieuses protégées". Chaque année, une circulaire définit ces jours durant lesquels des "autorisations d'absence peuvent être accordées à l'occasion des principales fêtes religieuses des différentes confessions".

Ainsi, la circulaire du 2 décembre 2010 signée par François Baroin, ministre du Budget, et Georges Tron, secrétaire d'Etat chargé de la Fonction publique, signale les "dates religieuses protégées" pour 2011. Les 20 et 26 avril ne sont pas mentionnés en tant que fêtes religieuses juives "protégées". Elles correspondent à la Pâque juive (Pessah) qui se déroule du 18 au 26 avril. 

Arielle Schwab explique que cette circulaire n'est pas contraignante. "Si les organisateurs des concours ne veulent pas respecter les dates protégées, ils peuvent programmer les concours comme cela les arrange". 

 

Quid de la laïcité et de l'égalité ?

Mediapart pointe toutes les incohérences d'un tel système. Une absence d'équité flagrante: comment choisir les étudiants qui pourront bénéficier de ces sessions ? Comment proposer aux étudiants juifs d'y participer puisqu'aucun fichier d'étudiants juifs n'existe ?

Mais surtout, ce "système contrevient aux principes de laïcité et d'égalité entre candidats". Alors que le chef de l'Etat s'est toujours défendu de viser une quelconque communauté à travers sa politique, cet argument risque d'être sérieusement ébranlé par cette révélation.

 

 

Un rabbin à l'origine de la demande ?

Les sources du site Internet justifient cette démarche par une demande officielle d'une "organisation représentative juive". Le site du Point, qui a également enquêté sur cette affaire, affirme que la demande émanait du rabbin Haïm Korsia, aumônier général de l'armée de l'air et proche de Nicolas Sarkozy, qui "a utilisé son entregent pour faire avancer sa cause".

Au ministère de l'Enseignement supérieur, on explique que c'est une erreur au moment de la fixation des "dates religieuses protégées" où la Pâque juive aurait été oubliée. Le ministère aurait ainsi décidé d'organiser des compositions décalées comme c'est le cas pour les étudiants ultra-marins (le report des concours étant trop compliqué).

Or, lorsqu'on lit les circulaires des années précédentes, que ce soit pour l'année 2010, en 2007,  ou en 2006, la Pâque juive n'apparaît pas dans les "dates religieuses protégées". L'argument du ministère tomberait donc à l'eau. La personne contactée au ministère affirme n'avoir aucune indication sur l'organisation des sessions secrètes.

Plus étonnant encore, Richard Milis, secrétaire général du concours commun, organisateur des concours de l'école des Mines et Ponts affirme : "Il n'y a aucune session décalée, aucun arrangement. Nous sommes dans un pays laïc".

 

"Trouver un compromis entre la religion et les études"

Pourtant Arielle Schwab, présidente de l"UEJF, confirme que ces compositions décalées existent bien". Elle s'inquiète "de la déduction qui pourrait être faite dans l'esprit des gens entre d'un côté une communauté musulmane stigmatisée, et une communauté juive passe droit. Ce n'est pas le cas, il s'agissait d'aider des étudiants dans une situation inextricable". Et d'ajouter : "Ce n'est pas un privilège. La République française est laïque, elle impose donc une neutralité vis à vis des religions, mais aussi le respect des pratiques. Ce n'est ni un passe-droit, ni du clientélisme".

 

Sophie Noachovitch - Nouvelobs.com

Publicité
Commentaires
Publicité
Newsletter
Archives
Pages
Publicité