Climat tendu dans les cités: ce qu'en pense Laurent Valdiguié reporter chargé de l’investigation à l’hebdomadaire Marianne.
Après les émeutes à Chanteloup-les-Vignes, Yves Calvi a invité dans son émission “L’Info du Vrai” sur Canal+ le journaliste de Marianne, Laurent Valdiguié, pour qu’il commente le climat de la guerre civile larvée dans les cités. Les révélations de ce spécialiste du sujet font froid au dos.
Laurent Valdiguié ce n’est pas un de ses pseudo-experts qui donnent leur avis sur tout et n’importe quoi. L’ancien journaliste à la cellule investigations du Parisien, ancien rédacteur en chef à Paris Match puis au Journal du Dimanche, il est depuis la rentrée 2018 reporter chargé de l’investigation à l’hebdomadaire Marianne.
“Il y a deux explications possibles alternatives aux sauvageons d’une part et à l’embrasement général de l’autre“, explique-t-il le phénomène de la guérilla urbaine dans les cités. Non seulement les caïds des cités veulent préserver leurs chasses gardées, mais ils entendent aussi peser sur la vie politique de leur villes à l’approche des municipales.
“D’abord, c’est les caïds. Il y a un ‘maire occulte’ dans ces cités qui est le chef du réseau” des trafiquants. Or, “le chef du réseau n’aime pas être dérangé. Et si il est dérangé, il envoie des messages pour ne plus l’être.” Quel genre de “messages”? Des cocktail Molotov sur les voitures de police qui ont la mauvaise idée de perturber les trafics par leur simple présence, par exemple.
“Et puis, il y a aussi une autre explication, qui n’est peut-être pas appropriée à Chanteloup-les-Vignes, mais on est en phase de pré-élections municipales. Or, dans ces cités sensibles etc. il y a des postes, des emplois, des jobs, des accords qui sont en train de se passer, plus ou moins sur la table ou sous la table.”
Des accords entre qui et qui? Le journaliste lève un lièvre. “On peut imaginer qu’il y ait des zones où des accords vont se nouer pour les prochaines équipes municipales.”
Yves Calvi a du mal à croire ses oreilles et demande, au grand dam des autres invités de l’émission, d’être très explicite. S’agit-il des maires et des caïds qui se “partagent le gâteau“?
Sans hésitation, Laurent Valdiguié répond par l’affirmative. “On sait qu’il y a des municipalités qui sont arrangeantes, où il y a ce type d’accords“.
“On peut dire que certains candidats pourrait déstabiliser le maire en place avec les opérations de ce type [émeutes, violences – ndlr]”, résume Yves Calvi, ébahi.