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Vu au macroscope 3
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  • Petite revue d'actualités sur des sujets divers: géopolitique, économie, santé etc.... Le titre est inspiré de l'ouvrage de Joël de Rosnay : "le macroscope - Vers une vision globale" - 1er février 1977 Une introduction à l'étude des systèmes complexes.
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29 novembre 2019

RUFFIN - Le faux scoop de Juan Branco sur une conversation entre François Ruffin et Emmanuel Macron

27/11/19 10h50   //   les inrocks
Le 26 novembre, le pamphlétaire Juan Branco a publié en grande pompe sur Twitter une “exclu” censée prouver la compromission de François Ruffin avec... Emmanuel Macron. Un scoop qui a finalement fait “pschitt”.

Juan Branco avait une “EXCLU”, à en croire son tweet le 26 novembre. “Comment Ruffin et Emmanuel Macron ont mis en scène leur rivalité, utilisant les ouvriers pour propulser leur notoriété. J'ai tremblé en entendant leurs propos. Et les mensonges de Ruffin pour se justifier”, teasait-il en grande pompe. Ci-dessous, une vidéo faite maison, postée sur sa chaîne YouTube, avec des sous-titres en mode blockbuster.

Le contexte, c'est important

Il s'agit d'un enregistrement datant du 12 septembre 2016. A l'époque, François Ruffin soutient la mobilisation des salariés d'Ecopla, une entreprise iséroise qui fabrique des moules en aluminium, menacée de fermeture. Il les avait conduits quelques jours plus tôt à la Fête de l'Humanité. Et, deux mois plus tard, a assisté à leurs côtés à une assemblée générale à Grenoble, où Les Inrocks s'étaient rendus.

Le 12 septembre, donc, les salariés mobilisés avaient préparé ensemble une action coup de poing pour l'inauguration du local du mouvement d'Emmanuel Macron, futur candidat à la présidentielle. Celui-ci leur a finalement donné rendez-vous à 16h pour une audience.

C'est dans ce cadre que l'échange enregistré a lieu, en présence des salariés mobilisés - ce que tait Juan Branco, qui tente de laisser croire à une manipulation dans leur dos, comme l'a relevé Marianne.

>> A lire aussi : “Vous avez merdé” : François Ruffin interpelle rudement Emmanuel Macron à Whirlpool

Stratégie d'agit-prop

Libération a retranscrit par écrit la conversation. Le contexte est important. Pour François Ruffin, l'objectif est de faire du bruit médiatique autour de la situation des salariés d'Ecopla, pour attirer l'attention des responsables politiques, et inscrire le sauvetage de l'entreprise à leur agenda.

Pour cela, le rédacteur en chef de Fakir (qui n'est pas encore député) est prêt à utiliser la notoriété d'Emmanuel Macron. “Moi je pense que si on réfléchit stratégie, il faut que vous soyez vivement interpellé, et publiquement, par les salariés d’Ecopla, ça fera un épisode. Et ensuite, que vous y répondiez en disant : ‘Moi je suis prêt à aller me déplacer sur place’, ben ça fait un deuxième épisode”, dit-il. Emmanuel Macron abonde, y trouvant vraisemblablement son propre intérêt : “Ok, ok. […] Un : on échange sur le dossier. Deux : on vous tient au courant des avancées. Trois : vous, vous m’interpellez publiquement. Quatre : dans la foulée, on cale ensemble une date de déplacement. Le 5 octobre, ou courant fin septembre, et on voit comment on la communique ensemble.”

Sur le contexte, Sylvain Laporte, l'assistant parlementaire de François Ruffin, témoigne auprès de Check News : “Début septembre, une dizaine de salariés sont montés à Paris trois ou quatre jours, et ensemble on a fait la tournée des QG de campagne. On a donc été taper à celui de Macron”. Les Inrocks peuvent également en témoigner : nous étions présents ce jour-là.

Sylvain Laporte ajoute, décrivant la stratégie de François Ruffin face à l'urgence sociale de l'entreprise : “Il reste alors deux mois pour mobiliser le plus de personnes possible, pour qu’Ecopla devienne un sujet médiatique pour sauver l’entreprise. On utilise alors tout ce qui est possible pour ça. S’il faut utiliser l’aura de Macron, on l’utilise”.

“Que les donneurs de leçons mènent ces batailles sociales autrement que depuis des posts sur Facebook”

Le scoop de Juan Branco fait donc pschitt. D'autant plus que cet enregistrement était en ligne depuis octobre 2016 : il avait été diffusé par Radio Nova à l'occasion d'une émission intitulée "QG de campagne".

François Ruffin a répondu : “Je veux bien qu’on me donne des leçons de morale. Mais quand tu es une petite entreprise, comment tu mobilises le monde politique et médiatique ? Je ne suis pas dans la honte. J’ai une foi. Je mène un combat. On a fait tout notre possible pour la boîte, on était prêts à occuper l’usine. Si Macron est une carte pour peser, je prends cette carte et je la joue.” Sur Twitter, il a conclu cette affaire d'un tacle à l'auteur de Crépuscule : “Que les donneurs de leçons mènent ces batailles sociales autrement que depuis des posts sur Facebook”.

[Article mis à jour avec la réaction de Juan Branco le 27/11/2019 à 18h18]

La réaction de Juan Branco

Juan Branco nous a contactés après la publication de cet article. Joint par téléphone, il tient à ajouter ceci : “La mise en scène par deux hommes politiques d’une confrontation négociée en amont, pour donner ensuite au public l’impression qu’elle est sincère et spontanée, est un acte de nature à mettre en question la sincérité de ces acteurs et la confiance des gens dans leurs responsables politiques. Rien ne justifie d’agir ainsi, quelles que soient les idées ou les intérêts qu’on défend sur le moment. Il n’y a pas de fierté mal placée à avoir sur cette affaire.” Malgré le fait que des salariés d'Ecopla étaient présents lors de l'échange enregistré entre François Ruffin et Emmanuel Macron, et qu'ils n'ont pas considéré qu'ils étaient trahis ou instrumentalisés par le rédacteur en chef de Fakir, il persiste : “Vous imaginez bien que dans ces circonstances, le lead, la confiance et la capacité à agir ou pas est dans les mains de Ruffin, ils croient en lui pour le défendre”. Il admet cependant s'être “peut-être trompé dans la communication” de cette information : “Ce qui est instrumental, c’est que ça n’allait probablement pas dans leur intérêt [des salariés, ndlr], sans qu’ils s’en rendent compte.” Pour lui, même si l'enregistrement était accessible sur le site de Radio Nova, et qu'il n'avait pas suscité d'indignation en temps réel, il présente un intérêt aujourd'hui, malgré le contexte de l'époque et les explications de François Ruffin : “Je ne vois pas comment ça ne peut pas être problématique de mettre en scène de manière artificielle son indignation devant les caméras alors que tout est négocié et chiqué en amont, quelle que soit derrière la sincérité de son engagement ou pas. On n’est pas à la comedia dell'arte, surtout avec Macron ! C’est indignant, quelle que soit l’intention ou pas.”

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