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Vu au macroscope 3
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  • Petite revue d'actualités sur des sujets divers: géopolitique, économie, santé etc.... Le titre est inspiré de l'ouvrage de Joël de Rosnay : "le macroscope - Vers une vision globale" - 1er février 1977 Une introduction à l'étude des systèmes complexes.
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20 avril 2019

Notre-Dame : des interrogations quant à la piste accidentelle discrètement soulevées - par Karine BECHET-GOLOVKO, 18/04/2019

 jeudi 18 avril 2019      //   RUSSIEPOLITICS

L’incendie maîtrisé, de nombreuses questions se soulèvent.
Principalement : comment cela s’est-il passé et maintenant comme faire pour rénover. Macron nous propose d’en faire une "autre" finalement, encore plus belle, en 5 ans. Avant les JO. Ce que le feu n’a pu réussir, cette précipitation peut l’achever.

 

Avec beaucoup de précipitation, la presse et les politiques, dans une incantation unanime et répétitive, en appellent à l’ incendie accidentel, ce que le Procureur sous-entend également, excluant a priori la piste volontaire. Avant l’enquête. Si pour nous, non spécialistes, il est difficile d’apprécier, des voix de personnalités travaillant justement dans le domaine s’élèvent pour s’interroger sur la facilité, la rapidité et la violence avec laquelle du bois de plusieurs siècles, quasiment transformé en pierre avec les années, a pu s’enflammer, l’ai dirait presque, si facilement. Surtout que, contrairement à ce qui est répété en boucle sur les plateaux, tout le système de sécurité de Notre-Dame a été remis à plat, notamment des portes coupe-feux ont été installées et le système électrique à neuf. Donc, la petite étincelle venant des travaux ne peut en aucun cas être la source d’un tel incendie, il faut une charge calorifique importante de départ pour lancer un tel incendie. L’accident semble improbable ...

Voir les déclarations de Benjamin Mouton, architecte en chef de Notre-Dame jusqu’en 2013 :

 

 
Par ailleurs, la question de la responsabilité des travaux, qui fragilisent les structures et ouvrent la porte aux risques d'incendies, ici aussi, tourne court - puisqu'ils n'avaient pas encore débuté. Ils étaient en cours de préparation, les échafaudages étaient montés.
Maintenant, la seconde question qui se pose est celle de la rénovation ou de la reconstruction. Et ce n'est pas innocent : la reconstruction libère l'Etat de toute contrainte dans la forme ou les matériaux, la rénovation oblige. La presse aussi insiste, peut-être par hasard, sur la reconstruction, comme dans Sud-Ouest où l'on peut lire cette phrase :
L’heure n’est désormais plus à la restauration mais à la reconstruction
Or, la structure du bâtiment a été sauvée, les plans existent, il doit être rénové. Ce qui oblige l'Etat à respecter certaines règles et à ne pas faire n'importe quoi. Je vous incite à lire cet excellent texte rappelant la situation de Didier Rykner dans la tribune de l'Art:
Or, rappelons-le encore une fois, la charte de Venise, qui définit les principes de la restauration et que la France a ratifiée (ce qui l’engage), impose certaines contraintes. D’abord, « les apports valables de toutes les époques à l’édification d’un monument doivent être respectés, l’unité de style n’étant pas un but à atteindre au cours d’une restauration ». Viollet-le-Duc constitue, ô combien, un apport valable à Notre-Dame-de-Paris, et ses adjonctions sont d’ailleurs classées au même titre que le reste du monument. On peut aussi y lire que la restauration « a pour but de conserver et de révéler les valeurs esthétiques et historiques du monument et se fonde sur le respect de la substance ancienne et de documents authentiques. Elle s’arrête là où commence l’hypothèse » Et, pour la flèche de Viollet-le-Duc, élément constitutif de la cathédrale depuis plus d’un siècle, les documents authentiques sont légion (on conserve tous les plans de l’architecte), tandis que sa structure et sa forme sont parfaitement connues grâce aux photographies et aux relevés modernes. Il n’y a donc aucune hypothèse à ce sujet. Puisqu’il ne s’agit pas d’une « reconstitution conjecturale » (terme employé dans la charte), il n’y a aucune raison d’envisager pour elle qu’elle « porte la marque de notre temps » (ce qu’impose la charte dans ce cas), et encore moins, comme le veut Emmanuel Macron, qu’il s’agisse d’« un geste architectural contemporain ».
Et l'on appréciera aussi beaucoup l'intervention dans C dans l'air de Maryvonne de Saint Pulgent, rappelant que les concours internationaux et les "foires aux idées" doivent strictement entrer dans le cadre de la législation sur la rénovation, d'un bâtiment qui appartient à l'Eglise et celle-ci a donc son mot à dire, qu'une commission de spécialistes doit être consultée par le ministre de la Culture. Bref, ce n'est pas aussi simple pour Macron d'enfiler pour un instant le costume des bâtisseurs de cathédrales, sa souveraine volonté n'a pas ici de place. 
Il reste à espérer que l'envie de marquer son temps et son besoin de trouver un "projet pour la France" cachant sa mission néolibérale ne permettront pas à Macron de terminer ce que le feu n'a pu réaliser : totalement défigurer Notre-Dame, en faire une caricature à touristes. C'est un travail minutieux qui se prépare, de longue haleine, qui n'a rien à voir avec les besoins médiatiques frénétiques d'un président en peine d'image.
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