Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vu au macroscope 3
Vu au macroscope 3
  • Petite revue d'actualités sur des sujets divers: géopolitique, économie, santé etc.... Le titre est inspiré de l'ouvrage de Joël de Rosnay : "le macroscope - Vers une vision globale" - 1er février 1977 Une introduction à l'étude des systèmes complexes.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
30 mai 2019

[RussEurope-en-exil] A propos de « Combattre le Voilement » de Fatiha Agag-Boudjahlat, par Jacques Sapir

Un commentaire instructif : RGT // 30.05.2019 à 09h40

Concernant le statut des femmes dans de nombreux pays musulmans, il a été mis à mal par la propagation des idées wahhabites suite à l’arrivée de la manne pétrolière après 1973.

Ce qui est dramatique, c’est que les gouvernements “civilisés” qui étaient au courant n’ont strictement RIEN FAIT pour ne pas risquer de se prendre un second choc pétrolier et sont même aller faire des “gâteries” aux dirigeants des pétromonarchies.

Le port du voile est une tradition ARABE pure, et encore, seulement chez les nomades des déserts de la partie est de la péninsule Arabique.

Dans les autres pays musulmans cette “tradition” n’avait absolument pas cours et était considérée comme une aberration.

Particulièrement dans les pays d’Afrique du nord chez les berbères : marocains, algériens (kabyles), tunisiens, libyens du nord-ouest qui se sont toujours battus contre les ségrégations sexuelles des envahisseurs arabes puis ottomans.

Sans parler du moyen-orient (croissant chiite).

Dans tous ces pays, et bien avant l’arrivée “libératrice” des occidentaux les femmes bénéficiaient de droits et de respect qui n’ont rien à envier aux “grands progrès” de la “civilisation” qui fricote sans complexe avec les pires ennemis des “valeurs démocratiques d’équité”.

De nombreux amis maghrébins sont réellement désespérés par cette dérive lamentable et, bien que sincèrement musulmans, s’insurgent contre ces pratiques moyenâgeuses.

***

[RussEurope-en-exil] A propos de « Combattre le Voilement » de Fatiha Agag-Boudjahlat, par Jacques Sapir

30 mai 2019            // les crises

Le livre écrit par Fatiha Agag-Boudjahlat, Combattre le Voilement[1], est à la fois un livre de combat et un livre de réflexion. Livre de combat, parce qu’il correspond parfaitement à ce qu’en dit son titre : une lutte pour l’indépendance des femmes contre ce que le voilement symbolise. Livre de réflexion aussi, en ce qu’il s’interroge sur la notion de « libre choix », sur le rapport de l’individu avec le groupe et la société, sur l’attitude des autorités face à l’offensive des milieux islamistes et sur notre rapport au Droit et à ce que nous appelons nos droits. Sur ce point, on commettrait une erreur en pensant que cet ouvrage ne combat que les islamistes, c’est à dire un courant ultra-orthodoxe qui entend mélanger le politique et le religieux. Si ce sont les islamistes qui sont en apparence la cible principale du fait de la virulence actuelle de leur contestation de l’ordre démocratique, Fatiha Agag-Boudjahlat s’en prend en réalité à TOUS les intégrismes, ou plus précisément à tous les courants cherchant à nier l’hétérogénéité qui est à la base de nos sociétés et à construire des cadres répressifs au contraire de cadres émancipateurs.

Comment analyser le « voilement »

Ce livre est construit autour d’un premier chapitre qui pose bien l’essentiel des problèmes, puis de quatre chapitres, bien plus courts traitant du cas de « l’étudiant syndicaliste », autour de l’étudiante voilée représentant l’UNEF, celui de la « chanteuse de télé-crochet » autour de Mme Mennel et de l’émission de TF-1 The Voice, celui de la « maman des sorties scolaires », qui revient sur l’interprétation d’un règlement de l’éducation nationale, et enfin celui de « la petite fille voilée », qui discute ce qui se joue autour des pratiques de voilement précoces. Il se conclut par un chapitre intitulé « explorer et ne pas conclure » qui s’interroge sur les divers usages du passé, le mythe de « l’âge d’or » mais aussi celui de la capacité imaginaire des hommes à arrêter le temps. Ce chapitre se termine sur une interrogation plus personnelle sur le lien de l’individu avec sa « communauté » et sur l’identité.

De fait, la construction de cet ouvrage reprend un plan classique avec d’un côté un énoncé des problèmes, de la méthodologie à adopter pour les traiter, et des principes qui doivent alors servir de guides, ce que contient le premier chapitre et ce qui explique sa taille de plus d’un tiers de l’ouvrage, et des études de cas autour de différents incidents particulièrement symboliques ou a forte puissance explicative. On ne peut d’ailleurs qu’approuver ce mode de construction. Le lecteur ne sera donc pas décontenancé par ce mode d’approche, mais il aurait peut-être mieux fallu l’expliciter. De même, ce livre fait référence à des textes et à des auteurs. Une bibliographie de fin d’ouvrage s’imposerait, mais la faute, là, en incombe à l’éditeur. L’important cependant est ailleurs. Dans ce premier chapitre, Fatiha Agag-Boudjahlat pose en réalité le problème de l’individualisme et celui d’une interprétation du holisme qui ne conduirait pas à un déterminisme. C’est en cela aussi que ce livre est important.

De fait, dans les études de cas qui constituent donc les chapitre 2 à 5, et qui portent presque chacune leur propre conclusion, on est confronté à des retours en arrière à des principes ou des problèmes abordés dans le premier chapitre. Ces retours en arrière sont nécessaires. Mais, dans le cadre de la présente recension on pratiquera à l’inverse, commençant par discuter les études de cas avant de revenir sur les principes énoncés au préalable.

L’illusion du « libre choix »

Les chapitres 2 et 3 sont ainsi consacrés à des cas voulant présenter la pratique du « voilement » comme un simple choix individuel, que ce soit dans le cadre d’une activité syndicale, ou dans celui de la candidate voilée, Mennel Ibtissem, de “The Voice”, l’émission de télé-crochet de TF1. Ces cas constituent des idéaux-types pour le discours en faveur de la liberté du « voilement ». C’est pourquoi Fatiha Agag-Boudjahlat les remet dans leur contexte et les déconstruits.

Le chapitre 2 s’ouvre donc sur le symbole de cette étudiante de l’UNEF qui se présente voilée. Cela est à mettre en relation avec le soutien apporté par ce même syndicat étudiant à l’interdiction par la violence de la pièce les Suppliantes, du poète grec antique Eschyle[2]. La pièce, qui était mise en scène par Philippe Brunet, l’helléniste de renom, dans le cadre du festival de théâtre “Les Dionysies”, présente l’affrontement entre les Grecs d’Argos, à la peau blanche, et les Danaïdes venues des bords du Nil, à la peau foncée. Pour figurer cette opposition, la troupe Démodocos avait d’abord utilisé un maquillage sombre puis des masques cuivrés correspondant aux codes du théâtre antique. Qu’y a-t-il de commun entre des deux faits ?

Mme Agag-Boudjahlat montre bien que l’idéologie, que l’on appellera « indigéniste », imprégnant une partie de l’UNEF conduit au nom d’un pseudo-anti racisme à mettre en avant une allégeance communautaire totale qui met « hors débat » et surtout « hors histoire » tout ce qui pourrait questionner la soi-disante communauté. Elle ajoute : « Revenons-en aux faits : le voilement est volontaire. Surtout, dans le cas de cette jeune fille. Elle n’est pas une victime. Elle n’est pas manipulée. Elle est islamiste. On peut avoir la naïveté de se réjouir qu’une islamiste s’investisse dans un syndicat en faveur des autres (…) Cette figure a l’intérêt de s’installer dans les consciences comme preuve supposée d’une compatibilité entre liberté des femmes, féminisme, droit des minorités, et religiosité orthodoxe »[3]. Ce faisant, elle met à nu l’existence d’un projet politique sous l’argument de la « liberté de choix ».

Elle pose alors la question de la signification d’une « allégeance » à la communauté qui conduirait à en accepter les règles sans pouvoir ni vouloir les mettre en cause. Elle écrit alors : « Le voilement symbolise et signifie (…) la mise en cadastre de l’autonomie des femmes, leur consentement au tryptique commun à tous les patriarcats : virginité, pudeur, humilité »[4]. De fait, ne peut-on considérer que la vision des « indigénistes » occidentaux pourrait alors confiner au racisme du fait qu’elle postule, explicitement ou implicitement, une « différence d’être » radicale entre « blancs » et « noirs » ou « arabes » [5]? Remarquons, d’ailleurs le glissement qui s’établit progressivement dans le langage des « indigénistes » entre le « musulman » et « l’arabe », glissement qui conduit à racialiser une croyance, mais qui surtout fait l’impasse sur le fait qu’ethniquement ceux que l’on désigne comme « arabes » ne sont plus qu’une minorité face à la montée démographique d’un islam asiatique. Il convient donc de s’interroger sur ce non-dit des militants « indigénistes » qui excluent de leur monde une partie des musulmans, qui pourtant ont été colonisés, opprimé et exploité.

Sur le fond, et en cela elle condamne directement l’islam politique, elle constate que la théocratie et la citoyenneté sont opposées[6], et il faut le dire incompatibles. Le problème est donc identique avec le cas de Mennel Ibtissem dans « The Voice », et l’on sait que la candidate finit par annoncer son départ de l’émission[7]. De fait, sous des dehors aimables, et incontestablement talentueux, on est en présence d’une véritable opération politique, en raison de la proximité de cette personne avec des organisations islamistes[8]. Fatiha Agag-Boudjahlat, qui se démarque sans concession, des remarques colportées par l’extrême-droite sur les réseaux sociaux, conclut alors : « Je la (Mennel) vois comme une personne qui a fait ses choix politiques, idéologiques, et religieux mettant sont talent au service de ceux-ci »[9]. Mais alors, pourquoi cette personne s’était-elle (et fut-elle) présentée comme une personne « innocente », une perdrix de l’année ? Fatiha Agag-Boudjahlat ne remet pas en cause le fait qu’une femme portant le voile puisse participer à l’émission « The Voice », mais elle critique fermement l’ambiguïté des responsables sur la démarche politique de la candidate. Cette attaque sur les « compromissions » servira de ligne directrice dans les chapitres suivants.

 

Les dangers de la politique des accommodements raisonnables

Dans les chapitres 4 et 5, on passe de la présentation dite « innocente » du « voilement » à des attitudes bien plus politiques. Dans ces chapitres, ce sont les renoncements et les compromissions des administrations françaises face à des démarches ouvertement politiques que Fatiha Agag-Boudjahlat va alors critiquer.

Dans le chapitre 4, elle s’appuie sur l’exemple des « mères accompagnatrices » et discute les interprétations des règles de l’Education Nationale qui ont été faite par le Conseil d’Etat[10]. Des « mères accompagnatrices » que confession musulmane avaient demandé de pouvoir participer à l’encadrement d’une sortie scolaire. La circulaire 2012-056 de Luc Chatel, circulaire dont la validité fut confirmée par Vincent Peillon, l’interdit[11]. Mme Najat Vallaud-Belkacem, nommée Ministre, fait une déclaration en 2014 où elle prétend que cette circulaire ne s’applique pas au « mères accompagnatrices » en invoquant un Arrêt du Conseil d’Etat[12]. On sait que ce dernier juge des litiges entre les citoyens et l’administration. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que l’on peut être fondé à considérer que le Conseil d’Etat outrepasse ses droits. Ainsi en avait-t-il été du Général de Gaulle à propos de l’arrêt Canal[13], et l’on sait que cela aboutira à la réforme du Conseil d’Etat de 1963[14]. De fait, le droit administratif apparaît comme un droit particulier, et en un sens inégal, en cela qu’il est réputé consacrer la supériorité de l’intérêt général (dont les administrations ont la charge par délégation) sur l’intérêt particulier. On peut penser qu’il a, en l’état, inversé le raisonnement.

Par ailleurs, Fatiha Agag-Boudjahlat rappelle qu’en 2011, le tribunal administratif de Montreuil avait considéré que les accompagnant des sorties scolaires, quand ces dernières se déroulent sur le temps scolaire, sont bien dans une mission de service public et doivent donc respecter les règles du service public en matière de neutralité[15].

Ce cas pose plusieurs problèmes. Le premier est d’ordre juridique. Quand l’Ecole Publique fait appel à des accompagnants extérieurs pour remplacer des professeurs et des surveillants, on peut considérer qu’il y a délégation de fait du service publique. La « mission » ne pourrait être accomplie sans la présence de ces accompagnants extérieurs. Or, toute personne ou toute collectivité (association, entreprise) se trouvant en situation de délégation de service public (de jure ou de facto) doit appliquer les règles du service public. Ce principe est rappelé dans l’arrêt 612 du 25 juin 2014 de la Cour de Cassation au sujet de l’affaire de la crèche Baby Loup, arrêt rejetant le pourvoi déposé par la salariée qui avait été licenciée du fait de son voilement[16]. Juridiquement, donc, ni Mme Vallaud-Belkacem, ni le Conseil d’Etat, n’étaient fondés à agir ainsi qu’ils l’ont fait.

Ce qui met en lumière un second problème : la politique dite d’accommodements face aux pressions des islamistes peut-elle être « efficace » ou contribue-t-elle en réalité à ouvrir toute grande la porte aux pratiques islamistes au sein du service public ? C’est bien à cette politique d’accommodements que s’en prend, et à juste raison, Fatiha Agag-Boudjahlat. Elle rappelle alors[17] que la Cour Européenne des Droits de l’Homme a elle-même reconnu que dans une société ou coexistent plusieurs religions, par souci d’ordre public, la loi peut contraindre ou assortir la liberté de manifestation de la religion de limitations[18]. Sur le fond, elle soutient qu’il convient de distinguer l’effet pénalisant de toute loi et un effet discriminant[19]. Ainsi, si j’aime conduire vite, je suis pénalisé par les limitations de vitesse mais nullement discriminé.

De fait, ce qui est en cause est la stratégie de « victimisation » de la part des islamistes, une stratégie que l’étude de cas suivante, portant sur le voilement de fillettes pré-pubères, fait exploser.

 

Religion et protection de l’enfance

La pratique du voilement des fillettes présente effectivement une image bien moins aimable de la pratique du voilement. Elle fait effectivement exploser l’argumentation défendue par les islamistes sur le « libre choix ». Fatiha Agag-Boudjahlat le montre et le démontre[20], tout comme elle montre aussi les racines de ces pratiques ainsi que la lente montée de l’imposition d’une discrimination garçons/filles imposée par ces mêmes islamistes. Il y a autour de l’éducation un enjeu politique considérable, dont les islamistes ont bien compris l’importance, eux qui veulent imposer un « dressage » des petits enfants afin de leur faire accepter une socialisation dominée par la Religion et surtout par le pouvoir des religieux. Mais, Fatiha Agag-Boudjahlat le montre aussi, l’enfant n’est pas un objet et à ce titre il ne peut pas être approprié par une communauté[21]. La distinction qui est faite entre les « droits de l’enfant » et le « droit à l’enfant » touche cependant un problème bien plus général que la question du voilement imposée aux petites filles. La notion de « droit à l’enfant » envoie à un narcissisme exacerbé des parents, à une conception des préférences « individuelles » prise comme un absolu à partir duquel tout doit découler. Cela traduit, en fait, la prégnance de l’idéologie de la société de marché, car cette mythification des préférences dites « individuelles » ne fait que reprendre l’une des vieilles lunes de la théorie néoclassique qui pose, elle aussi, les préférences comme un absolu[22].

De fait, les islamistes ne cachent pas leur haine contre le principe même de l’école publique[23]. Ce que l’on peut discerner, sous le couvert du manteau de la religion, c’est bien en réalité l’aspiration à un apartheid de fait, une revendication qui est aussi défendue par certains du courant dit « indigéniste », et qui a pour but en réalité de maintenir inchangé le pouvoir des hommes au travers de la religion[24]. Fatiha Agag-Boudjahlat considère ainsi que la pratiquement du voilement des enfants s’apparente à une forme de maltraitance[25]. Les références qui sont faites à l’ouvrage de Bryan Barry, Culture and Equality: An Egalitarian Critique of Multiculturalism[26], semblent particulièrement justes. De fait, Barry considère que le « multiculturalisme » est aujourd’hui une menace contre l’égalité, mais aussi pour la paix civile en cela qu’il aboutit à une fragmentation de la société[27]. Les chapitres concernant les revendications religieuses sur l’éducation des enfants, la défense des « groupes » et l’affirmation de droits spécifiques et séparés de ces groupes face à la société toute entière[28], servent ici de référence explicite ou implicite à l’ouvrage de Fatiha Agag-Boudjahlat. Ceci peut poser un problème car si les critiques des conséquences du multiculturalisme avancées par Barry semblent fort justes, il ne présente pas de solution concrète aux problèmes qui ont causé l’émergence de ce courant.

De fait, la critique de l’attitude des Amish qui, eux aussi, retirent leurs enfants des écoles pour les scolariser uniquement au sein de la communauté pose la question de la confusion entre la notion de responsabilité et de la propriété. La définition de cette dernière a été discutée en économie. La théorie des droits de propriété l’assimile en un « responsabilité en dernier ressort »[29]. Mais, cette théorie ne s’applique qu’à des biens ou des ressources. En fait, les parents d’un enfant sont en position de délégation de responsabilité jusqu’à la majorité légale de l’enfant. Ils ne sont pas propriétaires, de fait ou de droit, des « droits » de la personne en cet enfant, mais uniquement délégataires de ces droits. Cette délégation ne saurait donc couvrir des abus. Ainsi donc, Fatiha Agag-Boudjahlat est parfaitement fondée à citer la jurisprudence concernant le Témoins de Jéhovah, et le fait que l’autorité parentale puisse leur être retirée quand un de leurs enfants a un besoin urgent d’une transfusion de sang[30]. Elle dénonce alors la pratique des islamistes qui retirent leurs filles des cours de natation au prétexte d’une allergie au chlore[31].

 

Le voilement est-il compatible avec la loi ?

Il faut donc maintenant revenir sur la question du voilement et de ce qu’elle symbolise. Fatiha Agag-Boudjahlat, dans le premier chapitre, rappelle l’importance d principe universel de l’égalité homme/femme, mais aussi que l’on ne peut décorréler le voilement des autres pratiques de la tradition patriarcale, que celle-ci concerne l’héritage ou la pratique criminelle de l’excision[32].

Au delà, la question du voilement a suscité de nombreuses déclarations allant dans la voie de ce qui n’est pas un « accommodement raisonnable » mais bien une compromission[33]. Elle cite, pour le contredire, le sociologue François Dubet[34]. Ce dernier mélange en effet des revendications justifiées (« prier dans des mosquées convenables ») et le port du voile, sans d’ailleurs préciser la nature de ce dernier[35]. Or, la paix civile implique que des règles soient clairement tracées pour empêcher des provocations, dont on a vu dans le cours du livre qu’elles pouvaient être nombreuses et multiples. Cette paix implique qu’en contrepartie le libre exercice des cultes soit garanti, bien entendu dans le cadre de la loi. Cette paix implique d’ailleurs une intolérance absolue par rapport au soi-disant « délit de blasphème ». Il convient, ici, de se rappeler les mots écrits par John Locke, dans son Essai sur la Tolérance : « «Il est dangereux qu’un grand nombre d’hommes manifestent ainsi leur singularité quelle que soit par ailleurs leur opinion. Il en irait de même pour toute mode vestimentaire par laquelle on tenterait de se distinguer du magistrat et de ceux qui le soutiennent ; lorsqu’elle se répand et devient un signe de ralliement pour un grand nombre de gens…le magistrat ne pourrait-il pas en prendre ombrage, et ne pourrait-il pas user de punitions pour interdire cette mode, non parce qu’elle serait illégitime, mais à raison des dangers dont elle pourrait être la cause?»[36]. L’amour que l’on doit avoir pour la liberté individuelle n’interdit nullement, que dans certains contextes, le pouvoir politique puisse procéder à une interdiction, au nom de l’ordre public. C’est très précisément ce dont il avait été question à propos du « burkini » à l’été 2016.

Il convient aussi de rappeler que si la liberté des cultes est reconnue en France (mais elle ne l’est pas dans plusieurs pays musulmans), la provocation religieuse est aujourd’hui interdite par la loi de 1905. En effet, quand l’appel à provocation, est le fait d’un religieux ou qu’il se produit sur un lieux de culte, tombe sous le coup de la loi, ainsi que le précise l’article 35 de la loi de 1905[37]. Cette distinction est importante, car on peut penser que si le voilement est à la base une pratique religieuse ultra-orthodoxe, il est aujourd’hui intégré dans un programme politique particulier des islamistes. De ce point de vue, il est à considérer dans son sens politique tout autant que dans son sens « religieux » ou « coutumier ».

Il convient donc de rappeler ici le contexte général :

  • (a) La France fait l’objet de tests de la part d’une petite minorité qui cherche à imposer une discrimination visible à la fois entre ce que cette minorité considère comme des « bons » et des « mauvais » pratiquants de sa religion mais aussi une discrimination visible entre homme et femme. Cette petite minorité cherche alors à culpabiliser les autres pratiquants. Le vêtement est ici clairement un prétexte à stigmatisation de la part d’une minorité à l’encontre d’une majorité. De fait, le voile apparaît ici comme une « norme » que l’on cherche à imposer, ce qui peut tomber sous le coup de l’article 35 de la loi de 1905[38].
  • Le port d’un certain type de vêtements s’inscrit aujourd’hui clairement dans un projet politique d’affirmation explicite d’un culte et de prosélytisme de ce dernier sur la voie publique. A cet égard, il est donc clair que nous sommes en présence d’une affirmation agressive d’une religion par rapport à l’espace public. Le port du voile peut donc être assimilé à un acte de prosélytisme, ainsi que l’explique Fatiha Agag-Boudjahlat[39]. Or, ceci est d’ores et déjà condamnable par la loi. Encore faudrait-il avoir le courage de l’appliquer.

On voit donc que des interdictions du voile peuvent être prononcées, à la condition toutefois d’être bien justifiées, soit de manière temporaire pour des raisons d’ordre public, soit en raison d’un prosélytisme susceptible de troubler la paix civile, soit, enfin, parce que le fait de porter le voile pourrait s’avérer comme partie prenante d’une campagne de pression de la part d’une partie de la population sur une autre partie de celle-ci. Ces interdictions sont parfaitement compatibles avec le cadre de liberté qui est reconnu en France, et inscrit dans le préambule de la Constitution, en cela que ces interdictions visent à combattre des excès et des comportements susceptibles de mettre en cause l’ordre public et la paix religieuse.

 

Voilement et droits individuels

On dira, alors, que les droits individuels devraient s’imposer. Et c’est bien ainsi que fut posé le problème, et qu’il l’est encore, notamment par Rokhaya Diallo[40]. Pourtant, on a vu que les circonstances pouvaient conduire la puissance publique à limiter le « droit individuel » ; c’est le cas d’ailleurs pour les vacanciers revenant d’une plage. Le véritable problème est de savoir si ce choix, réputé « individuel », l’est vraiment. Ce n’est clairement pas le cas pour des fillettes et des adolescentes qui sont sous une forte contrainte familiale. Au-delà, c’est même la notion de « choix individuel » qui peut être discuté. Fatiha Agag-Boudjahlat le fait en partie, cherchant à remettre le sens de ce choix dans un contexte plus général[41]. Mais, ce faisant, on peut considérer qu’elle passe à côté de l’essentiel.

Un choix se fait sur des préférences. Ces préférences sont réputées individuelles, et propres à chaque individu. Du moins était-ce ce que la théorie du choix individuel expliquait jusqu’aux années 1980. Des programmes de recherches comme celui de Mancur Olson[42], ou en France les travaux de Raymond Boudon[43] en témoignent. Nous sommes ici au cœur de l’«utilitarisme des préférences » qui correspond à la démarche normative des économistes néo-classiques du XXe siècle, et qui se détache de l’hédonisme des économistes du XIXe siècle. Or, des travaux tant empiriques que théoriques ont remis en cause cette vision. Les travaux de nombreux auteurs dont Daniel Kahneman (Prix Nobel 2002) Amos Tversky (décédé en 1996), Sarah Lichtenstein, Paul Slovic entre autres[44], proposent une véritable révolution dans notre compréhension de la structure des préférences individuelles. Ces travaux remettent en cause la vision traditionnelle des comportements individuels et de ce que l’on nomme la rationalité. Ils montrent que d’une part certaines des hypothèses centrales à ce que l’on a appelé l’ « utilitarisme des préférences » ne sont pas valables (comme l’hypothèse de transitivité absolue des préférences[45]), mais aussi que ces « préférences » ne sont pas individuelles. On peut, distinguer deux effets particuliers. Le premier, qui fut appelé par Amos Tversky le “framing effect” et que nous traduirons ici désormais par « effet de contexte » (ou « effet de présentation ») montre que la manière de présenter les termes d’un choix détermine les réponses[46]. Comme le montre une étude[47], quand on présente à deux groupes de malades souffrant d’un cancer du poumon le choix entre deux traitements, mais si l’on donne au premier groupe les résultats en termes de taux de survie et au second en termes de taux de décès, les choix divergent fortement entre les groupes. D’autres études, plus récentes, confirment cette dépendance entre le choix et les conditions de présentation[48]. Cet effet de contexte invalide l’hypothèse d’une indépendance de l’ordre des préférences par rapport aux conditions de choix. On peut ainsi expliquer le phénomène, désormais bien connu, des renversements d’ordre de préférence en fonction des conditions de présentation des choix[49]. On peut ainsi montrer expérimentalement que les préférences sont directement dépendantes des contextes et que les échelles de préférence (a > b > c) se construisent à travers le processus du choix au lieu d’être préexistantes comme le soutenait la théorie dominante[50].

On peut aussi montrer que l’utilité anticipée d’un objet varie fortement en fonction du contexte. Cela se manifeste dans un second effet, qualifié par Daniel Kahneman d’ « endowment effect » ou « effet de dotation »[51]. Cet effet se manifeste quand des préférences s’inversent selon que les personnes se sentent ou non en état de posséder l’un des biens. Ainsi, suivant que l’on propose à un groupe un choix entre une somme d’argent et une tasse à café, ou de dire pour quelle somme d’argent ils seraient prêts à rendre la même tasse à café qui leur avait été préalablement donnée, le prix implicite de cette même tasse varie du simple au double[52]. La question est pourtant la même, celle d’un choix entre une somme d’argent et un objet. De manière plus générale, les acteurs individuels réagissent bien différemment à un même choix suivant qu’ils se sentent investis d’un pouvoir de décision ou en mesure de peser sur leur avenir ou non.

Dans un article de 1990, Tversky et Thaler proposèrent donc une solution établissant une cohérence globale entre les phénomènes observés par les psychologues et l’idée qu’un acteur n’agit jamais sans raison, quelles que soient ses raisons. Plutôt que supposer que les individus ont un accès direct à une connaissance objective de leurs préférences, ils proposent de penser les préférences comme un processus de construction, dépendant du contexte (a constructive, context-dependant process)[53].

Dès lors, tout choix « libre » individuel, et dans certaines circonstances le voilement en est un, doit se penser dans les termes d’un processus dépendant du contexte, et ici le contexte est à l’évidence d’ordre politico-religieux. L’influence de la « pression des pairs » (peer’s pressure) devient alors centrale, ce qui renvoie aux contextes politiques dans lesquels se construisent ces choix que l’on présente un peu abusivement comme « individuels ».

 

Voilement et identité

Mais, le voilement peut aussi à voir avec ce que l’on appelle « l’identité », un terme susceptible de biens des interprétations, mais qu’il faut ici comprendre dans le sens d’identitaire. Fatiha Agag-Boudjahlat le montre dans le premier chapitre de son livre[54], puis dans la conclusion[55]. Elle attaque alors l’ouvrage publié par Houria Boutelja, qui tend à réduire une « communauté » au politico-religieux, et qui fait de la fidélité à cette « communauté » l’alpha et l’Omega des attitudes individuelles[56], mais aussi ceux de Joan Scott[57] et de Assad, Brown, Butler et Mahmood[58]. Elle pointe le refus de ces auteurs d’historiciser le processus et les combats qui ont permis à l’égalité homme/femme d’émerger progressivement. Elle écrit ainsi « Ce refus d’historicité confine au racialisme anthropologique »[59]. Elle montre, ensuite, que les projets des « indigénistes » dans la France d’aujourd’hui, participe en réalité au projet colonial de « re-traditionalisation [60]» des sociétés[61], projet qui fut mis en œuvre à partir des années 1920, et qui prit la forme de « l’indirect rule ». Cela n’est pas contestable, tout comme il n’est pas contestable que certains des néo-sociologues (et des militants politiques) qui usent et abusent du terme de « racisé » visent en réalité à maintenir les individus dans la prison du passé. C’est en particulier le cas pour les militants qui, sommant les « indigènes »à se concentrer sur leur culture les excluent de fait des progrès économiques et sociaux[62].

Tout ceci est vrai. Mais tout ceci est aussi insuffisant. Il faut aussi penser le problème de l’inégal développement des forces productives entre l’Europe et les pays du Moyen-Orient, du Sud de la Méditerranée et de l’Afrique sub-saharienne. Car, cet inégal développement que l’on présente aujourd’hui comme le produit de la colonisation occidental fut en réalité sa cause. Il convient ici de préciser que si le développement des forces productives (et leur ensemble politique et social) ne se réduit pas au capitalisme, ce dernier a conduit à un développement très rapide de ces forces productives. Pourquoi le capitalisme s’est-il d’abord développé en Europe occidentale alors que les niveaux de développement semblaient relativement égaux du XIème au XVème siècle ? Le débat est bien trop grand pour être abordé dans cette recension, mais on peut affirmer que c’est le processus d’institutionnalisation des sociétés occidentales, ce processus qui fut analysé par François Guizot[63], processus qui est intimement lié aux conflits sociaux (la « lutte des classes ») et que l’on voit à l’œuvre dès la pratique de l’enchatellement (l’incastellamento[64]) étudiée par Pierre Toubert, qui est au cœur de la dynamique de développement. Il faut revenir à Guizot qui écrit : “…la lutte des classes…remplit l’histoire moderne. L’Europe moderne est née de la lutte des diverses classes de la société…Aucune des classes n’a pu vaincre ni assujettir les autres; la lutte, au lieu de devenir un principe d’immobilité, a été cause de progrès; les rapports des diverses classes entre elles, la nécessité où elles se sont trouvées de se combattre et de céder tour à tour, la variété de leurs intérêts et de leurs passions, le besoin de se vaincre sans pouvoir en venir à bout, de là est sorti peut-être le plus énergique, le plus fécond principe de développement de la civilisation européenne[65]. Ceci renvoie à la distinction entre sociétés « chaudes », où aucune des classes en présence n’arrive à assujettir les autres, et « sociétés froides » où une classe a été en mesure d’imposer sa loi définitivement aux autres.

On peut considérer qu’il y a chez les « indigénistes » une forme de regret de ce que le développement ait été une « chose occidentale ». Ils considèrent alors que puisque le développement des forces productives a été de fait occidental, il fait partie du fait colonial, oubliant bien à propos qu’il y eu un colonialisme non-occidental tout comme il y eut un esclavagisme, une « traite des noirs », non-occidental et particulièrement musulmane[66]. De mêmes, les indigénistes oublient un peu rapidement que des pays anciennement colonisés par les occidentaux ont connu dès les années 1950 et 1960 un développement économique, mais aussi social, très important en Asie. La colonisation (française au Vietnam, britannique en Inde, Malaisie, Singapour, néerlandaise en Indonésie, japonaise en Corée et à Taiwan) de ces pays est un fait. Elle n’a pas empêchée une croissance rapide après la décolonisation. Insister sur le « fait colonial » comme facteur explicatif aux problèmes de nombreux pays d’Afrique ne peut être invoqué comme cause principale.

On peut, dès lors, reformuler la question que ces « indigénistes » devraient se poser. Pourquoi des sociétés qui étaient à l’aube du XVème siècle à égalité, voire en avance, sur le niveau de développement de l’Europe occidentale ne se sont-elles pas développés. Pourquoi le Maghreb, l’Afrique de l’Ouest, sont-ils à la traine alors que la Corée, la Chine, l’Inde, le Vietnam, mais aussi des pays musulmans comme la Malaisie ou l’Indonésie ont connu et connaissent des rythmes de développement spectaculaires ? Le pourquoi ne serait-il pas l’absence d’une « culture de l’Etat » dont on voit, en Asie en particulier[67], le rôle essentiel dans le développement économique ?

Se pose alors la question de savoir si les « indigénistes » de la France actuelle ne sont pas la réplique, fondée dur des mécanismes psychologiques identiques, aux « identitaires ». On retrouve dans l’usage des mécanismes de la « victimisation » le même impératif narcissique que dans biens des courants « identitaires ».

 

 

On le voit, les problèmes soulevés par Fatiha Agag-Boudjahlat sont considérables et vont, en réalité, au-delà du simple problème du voilement des femmes. Elle dénonce, avec justesse assurément, les petites lâchetés de notre personnel politique qui font la part belle au projet des extrémistes. Elle pose, de manière explicite et implicite, le problème des limites de l’individualisme, et de la présence de structures holistes. Elle montre l’importance de l’universalité de certains principes. Mais, surtout, elle met en lumière comment la question du voilement sert aujourd’hui d’exutoire (et de prétexte à mobilisation) à ceux qui refusent l’histoire et sa complexité, et qui préfèrreront toujours choisir des postures de victimisation plutôt de d’analyser les causes profondes de la situation dans laquelle ils se trouvent. Que ceux-ci puissent trouver des soutiens dans des mouvements qui furent fondés par des militants empreints de l’idée d’universalisme et de la critique analytique des modes de développement de l’humanité est à l’évidence une source d’étonnement, et pour Fatiha Agag-Boudjahlat une source d’indignation.

 

Notes

[1] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, Paris, Les Editions du Cerf, 2019, 218 pages.

[2] https://www.marianne.net/societe/accusee-de-blackface-une-piece-d-eschyle-bloquee-par-des-militants-antiracistes-la-sorbonne

[3] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., pp. 92-93.

[4] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., p. 95

[5] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., p. 97

[6] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., p. 104

[7] https://teleobs.nouvelobs.com/actualites/20180212.OBS2067/the-voice-4-actes-pour-comprendre-l-affaire-mennel.html

[8] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., pp. 105-111.

[9] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., p. 115.

[10] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., pp. 128-133.

[11] Son texte se trouve à : http://www.legirel.cnrs.fr/spip.php?article584

[12] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., pp. 127-128.

[13] de Gaulle C., Mémoires d’espoir, Paris, Plon, 1970, 1163 p.

[14] Voir le Décret n° 63-766 du 30 juillet 1963 portant règlement d’administration publique pour l’application de l’ordonnance 45-1708 du 31 juillet 1945 et relatif à l’organisation et au fonctionnement du conseil d’État : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=D5B3ED4474CBE1FF523D0603EE817E90.tplgfr43s_1?cidTexte=JORFTEXT000000676383&dateTexte=19630801

[15] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., pp. 139-140.

[16] Cet arrêt précise en particulier : « Mais attendu qu’il résulte de la combinaison des articles L. 1121 1 et L. 1321 3 du code du travail que les restrictions à la liberté du salarié de manifester ses convictions religieuses doivent être justifiées par la nature de la tâche à accomplir et proportionnées au but recherché ;

Attendu qu’ayant relevé que le règlement intérieur de l’association Baby Loup, tel qu’amendé en 2003, disposait que « le principe de la liberté de conscience et de religion de chacun des membres du personnel ne peut faire obstacle au respect des principes de laïcité et de neutralité qui s’appliquent dans l’exercice de l’ensemble des activités développées, tant dans les locaux de la crèche ou ses annexes qu’en accompagnement extérieur des enfants confiés à la crèche », la cour d’appel a pu en déduire, appréciant de manière concrète les conditions de fonctionnement d’une association de dimension réduite, employant seulement dix huit salariés, qui étaient ou pouvaient être en relation directe avec les enfants et leurs parents, que la restriction à la liberté de manifester sa religion édictée par le règlement intérieur ne présentait pas un caractère général, mais était suffisamment précise, justifiée par la nature des tâches accomplies par les salariés de l’association et proportionnée au but recherché ; (…)

D’où il suit que le moyen, inopérant en sa treizième branche, qui manque en fait en ses dix septième à vingt-deuxième branches et ne peut être accueilli en ses sept premières branches et en ses dixième, onzième et douzième branches, n’est pas fondé pour le surplus ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi »

Voir : https://www.courdecassation.fr/jurisprudence_2/assemblee_pleniere_22/612_25_29566.html

[17] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., p. 139.

[18] Arrêt SAS c. France (requête n°43835/11) rendu par la Grande chambre de la Cour européenne des droits de l’homme, https://www.cncdh.fr/sites/default/files/arret_sas_c._france.pdf

[19] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., p. 156

[20] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., pp. 161-163.

[21] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., pp. 164-166.

[22] Sapir J., Quelle économie pour le XXIè siècle ?, Paris, Odile Jacob, 2005, chap. 1 et 2.

[23] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., pp. 174-175.

[24] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., pp. 175-176 et 178-179.

[25] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., pp. 180-181.

[26] Barry B., Culture and Equality: An Egalitarian Critique of Multiculturalism, Cambridge, Polity Press, 2000.

[27] Barry B., Culture and Equality: An Egalitarian Critique of Multiculturalism, op.cit., chap. 1.

[28] Barry B., Culture and Equality: An Egalitarian Critique of Multiculturalism, op.cit., chap. 4, 5 et 6.

[29] Voir Hart, Oliver; Moore, John (1990). “Property Rights and the Nature of the Firm” in Journal of Political Economy. Vol. 98 (6), pp. 1119–1158 ; Klein, Daniel B. and John Robinson, (2011), “Property: A Bundle of Rights? Prologue to the Symposium” in Econ Journal Watch , Vol. 8, n° 3, pp. 193–204, Septembre.

[30] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., pp. 172-173.

[31] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., p. 175

[32] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., p. 18 et p. 20.

[33] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., pp. 27-29

[34] Dubet F., Ce qui nous unit. Discriminations, égalité, reconnaissance, Paris, Seuil, 2016.

[35] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., p. 33.

[36] Locke J., Essai sur la Tolérance, Paris, Éditions ressources, 1980 (1667)

[37] http://russeurope.hypotheses.org/5204

[38] Voir l’article 35 de la loi de 1905 :

« Article 35 :
Si un discours prononcé ou un écrit affiché ou distribué publiquement dans les lieux où s’exerce le culte, contient une provocation directe à résister à l’exécution des lois ou aux actes légaux de l’autorité publique, ou s’il tend à soulever ou à armer une partie des citoyens contre les autres, le ministre du culte qui s’en sera rendu coupable sera puni d’un emprisonnement de trois mois à deux ans, sans préjudice des peines de la complicité, dans le cas où la provocation aurait été suivie d’une sédition, révolte ou guerre civile ».

https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000508749

[39] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., p. 86.

[40] Diallo R., Comment parler de laïcité aux enfants, Paris, Le Baron Perché, octobre 2015

[41] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., pp. 15-17, pp. 52-53.

[42] Olson M., The logic of collective actions, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, Cambridge, 1965 et 1971.

[43] Boudon R., La Logique du Social – introduction à l’analyse sociologique, Paris, Hachette, 1979, p. 22-28.

[44]Pour une première évaluation de l’apport de ce courant, Sapir J., “Théorie de la régulation, conventions, institutions et approches hétérodoxes de l’interdépendance des niveaux de décision”, in A. Vinokur (ed.), Décisions économiques, Paris, Économica, 1998, p. 169-215.

[45] Kahneman D., “New Challenges to the Rationality Assumption” in K.J. Arrow, E. Colombatto, M. Perlman et C. Schmidt (edits.), The Rational Foundations of Economic Behaviour, New York, St. Martin’s Press, 1996, p. 203-219. Tversky A. et R. Thaler, “Preference Reversals”, Journal of Economic Perspectives, vol. 4/1990, p. 201-211

[46] Tversky A., “Rational Theory and Constructive Choice”, in K.J. Arrow, E. Colombatto, M. Perlman et C. Schmidt (edits.), The Rational Foundations of Economic Behaviour, Basingstoke – New York, Macmillan et St. Martin’s Press, 1996, p. 185-197, p. 187.

[47] McNeil B.J., A.S. Pauker, H. Sox Jr. et A. Tversky, “On The Elicitation of Preferences for Alternative Therapies”, New England Journal of Medicine, vol. 306, 1982, p. 1259-1262.

[48] Tversky A. et D. Kahneman, “Rational Choice and the Framing of Decisions”, Journal of Business , vol. 59, n°4/1986, part-2, p. 251-278. Idem, “Loss Aversion in Riskless Choice: a Reference Dependant Model”, Quarterly Journal of Economics , vol. 107, n°4/1991, p. 1039-1061.

[49] S. Lichtenstein et P. Slovic, “Reversals of Preference Between Bids and Choices in Gambling Decisions”, Journal of Experimental Psychology, vol. 89/ 1971, p. 46-55. Idem, “Response-Induced Reversals of Preference in Gambling and Extended Replication in Las Vegas”, Journal of Experimental Psychology, vol. 101/1973, p. 16-20.

[50] Tversky A., “Rational Theory and Constructive Choice”, op.cit., p. 195.

[51] D. Kahneman, “New Challenges to the Rationality Assumption” op.cit..

[52] D. Kahneman, J. Knetsch et R. Thaler, “The Endowment Effect, Loss Aversion and StatuQuo Bias”, Journal of Economic Perspectives , vol. 5/1991, n°1, p. 193-206.

[53] Tversky A. et R. Thaler, “Preference Reversals”, Journal of Economic Perspectives, vol. 4/1990, p. 201-211.

[54] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., pp. 59-68.

[55] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., pp. 203-205.

[56] Bouteldja H., Les blancs, les juifs et nous, Paris, la Fabrique, 2016.

[57] Scott J., La religion de la laïcité, Paris, Climats, 2018.

[58] Asad T., W. Brown, J. Butler et S. Mahmood, La critique est-elle laïque [traduction de Is critique secular], Lyon, PUL, 2015 (2009).

[59] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., p. 71.

[60] Hobsbawn E. et T. Ranger (eds), L’invention de la tradition, Paris, Ed. Amsterdam, 2012.

[61] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., pp. 196-197.

[62] Agag-Boudjahlat F., Combattre le Voilement, op.cit., p. 198.

[63] Guizot F., Histoire de la civilisation en France depuis la chute de l’Empire Romain, Didier, Paris, 1869. Texte tiré de la 7ème leçon, de 1828. Texte réédité avec une présentation de P. Rosanvallon, Paris, Hachette, coll. « Pluriel », 1985, p. 182

[64] Toubert P., Les Structures du Latium Médiéval, Publications de l’École Française de Rome, BEFAR, fasc. 221, Rome, 1973, 2 vol.

[65] Guizot F., Histoire de la civilisation en France depuis la chute de l’Empire Romain, op.cit..

[66] Pétré-Grenouilleau O., La traite des Noirs, Paris, PUF, 1997. Idem, Les Traites négrières. Essai d’histoire globale, Gallimard, coll. « Bibliothèque des Histoires », Paris, 2004. Ce dernier chiffre à 17 millions la traite « non-occidentale » et à 11 millions la traite « occidentale ».

[67] Wade R., Governing the Market, Princeton (N. J.), Princeton University Press, 1990. Amsden A., Asia’s Next Giant, New York, Oxford University Press, 1989

ilitants qui, sommant les « indigènes »à se concentrer sur leur culture les excluent de fait des progrès économiques et sociaux[62].... "

Publicité
Commentaires
Publicité
Newsletter
Archives
Pages
Publicité