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Vu au macroscope 3
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  • Petite revue d'actualités sur des sujets divers: géopolitique, économie, santé etc.... Le titre est inspiré de l'ouvrage de Joël de Rosnay : "le macroscope - Vers une vision globale" - 1er février 1977 Une introduction à l'étude des systèmes complexes.
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2 juin 2019

Guillaume Tabard : «Pour Marion Maréchal, la bataille culturelle avant le combat politique»

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Par Guillaume Tabard
Publié le 31/05/2018 à 20h25   //  LE FIGARO

CONTRE-POINT - Toujours à distance du monde politique, l'ancienne benjamine de l'Assemblée poursuit son ambition de prendre un jour la tête d'une droite recomposée, sans griller les étapes.

«Débranchons Mai 68», oui ; mais méditons Mai 68, aussi. Tel pourrait être la leçon de la soirée organisée ce jeudi par le mouvement les Éveilleurs d'espérance et par la revue l'Incorrect, et dont l'intervenante principale était Marion Maréchal. «Débranchons Mai 68» - c'était l'intitulé de la soirée - sur le plan idéologique, mais méditons-le sur le plan politique.

Ce que révèle l'événement dont le cinquantenaire est célébré est le décalage chronologique entre les victoires culturelles et les victoires électorales. Sur l'évolution des mœurs et l'effritement des institutions (l'école, la famille, l'Église, les syndicats…), personne ne conteste la fracture qui s'est opérée en mai 68. Et ça n'est que treize ans plus tard, en mai 1981 que fut présentée la facture politique, avec l'arrivée de la gauche au pouvoir ; une bascule institutionnelle préparée par une lente installation de l'esprit et des enfants de Mai 68 dans les sphères culturelles, associatives et locales. Avec, rappelons-le, un effet trompe-l'œil. À la sortie des événements, aux législatives de juin, c'était pourtant le pouvoir gaulliste qui, ébranlé dans la rue et dans les usines, avait triomphé dans les urnes.

Cette impossibilité immédiate de jouer au chamboule-tout, de refaire à droite le «coup» de Macron, est une chance pour Marion Maréchal

Les circonstances, les enjeux et les rapports de force ne sont évidemment pas les mêmes. Mais il y a de cela dans le projet de l'ancienne benjamine de l'Assemblée. Nourrir d'abord un terreau culturel avant de poser les jalons d'une offensive politique. C'est la raison d'être de son Institut de sciences sociales, économiques et politiques (ISSEP). Et c'est l'espoir de toute une mouvance qui espère la voir prendre un jour la tête d'une droite recomposée. Les Éveilleurs de l'espérance sont par exemple issus des veilleurs, créés par Pierre Nicolas et Benoît Sévillia en marge de la Manif pour tous. Et si, comme nombre d'initiatives étudiantes de mai 68, la Manif pour Tous fut un échec politique - même à droite la page a été tournée -, elle a conduit à s'engager une génération de jeunes, le plus souvent catholiques, ne se reconnaissant dans aucune structure politique actuelle. Plus globalement, Marion Maréchal fait le pari de l'impossibilité de reconstruire idéologiquement une droite capable d'incarner une alternative majoritaire à Emmanuel Macron à partir des partis existants, que ce soit les Républicains ou le Rassemblement national - comme il faudra appeler le FN à partir de demain. Tout comme elle fait le constat de l'impossibilité à renverser aujourd'hui la table de jeu actuel. «Il ne sert à rien de parler dès maintenant de recomposition alors que la décomposition est loin d'être arrivée à son terme», confie-t-elle.

Cette impossibilité immédiate de jouer au chamboule-tout, de refaire à droite le «coup» de Macron, est une chance pour Marion Maréchal. Elle lui donne le temps de travailler sur le fond et de former ces futures élites pour l'heure minoritaires et isolées. Elle lui permet aussi de faire fructifier le capital de popularité qu'elle a acquis sans attaquer frontalement ou même verbalement sa tante, consciente que des Atrides familiales ne font que des vaincus et aucun vainqueur. La percée de 5 points qu'elle enregistre dans le baromètre Kantar-Sofres-Figaro Magazineconfirme qu'elle peut jouer en première division tout en restant sur le banc de touche. Une position confortable. Même si, en politique, aucun fruit ne tombe jamais de lui-même. Mai 68 le rappelle.

Cet article est publié dans l'édition du Figaro du 01/06/2018. Accédez à sa version PDF en cliquant ici

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