MiniBots italiens : La fin de l’Euro? - par Mario PONTI

Mario Ponti·Vendredi 31 mai 2019

Une bombe en puissance ? Le parlement italien vient d’approuver le principe de l’émission d’une sorte de monnaie d’Etat parallèle, appelée “Minibots”. Voir le lien >

Le réalité italienne actuelle : Un désastre

vidéo de 2' 40" >> L'Euro tue l'Italie

Rappel préalable :

En 2018 un conflit a eu lieu entre l’UE et l’Italie. La nouvelle coalition au pouvoir avait déclaré son intention de désobéir aux contraintes de Bruxelles concernant le pacte de stabilité. Ceci pour stimuler la croissance par les dépenses publiques.

Le nouveau gouvernement italien s’est cependant vite “couché” devant Bruxelles. La résistance “façon Tsipras” a vite pris fin.

Le gouvernement de Matteo Salvini s’est donc engagé envers Bruxelles à tout faire pour limiter le déficit public à 2,04% en 2019, puis à 1,8% en 2020 et à 1,5% en 2021.

Mais face aux chiffres présentés par l’Italie, Bruxelles n’a pas attendu longtemps après les élections européistes, pour pressionner de nouveau l’Italie au sujet de sa politique.

Les mauvais chiffres pour l'Italie

Résultat : Les MiniBots s’invitent au bal

Le parlement Italien vient donc de voter le principe de la mise en place d’une “monnaie d’Etat parallèle”. Les #MiniBots

Vont-ils le faire ou pas ?

MiniBots italiens

Il reste à voir si l’Italie ira effectivement jusqu’au bout de son intention de lancer l’opération miniBots car le gouvernement italien est résolument europeiste.

Il n’a donc d’autre marge de manoeuvre face à Bruxelles que de se soumettre encore et toujours.

Cependant si le concept des miniBots dépasse les simples déclarations d’intention cela serait une véritable révolution, et qui mettrait le feu aux poudres de la maison euro, pouvant même aller jusqu’à marquer le véritable début de la fin de la monnaie unique et par incidence de l’UE elle-même. Excusons du peu.

Rien que pour stabiliser le taux de dette publique en pourcentage du PIB à son niveau de 2018, il faudrait que l’Italie dégage un surplus primaire de 2,64% en 2019 et 1,39% en 2020. Bien au-dessus des récentes estimations de la commission. Le niveau de la dette publique italienne rend utopique l’application des exigences du pacte de stabilité.

L’Italie devra alors sortir un lapin du chapeau. Les miniBots pourraient être ce lapin magique. En fait un concept somme toute presque banal, que la Grèce a d’ailleurs déjà utilisé mais exclusivement dans le domaine de la santé et de façon ponctuelle et limitée.

Si le gouvernement italien ne se sert pas de cette idée uniquement comme moyen de pression sur Bruxelles et applique effectivement sa promesse, ce sera réellement bien joué. Attendons cependant de voir...

ANALYSE

MiniBots : De quoi s’agit-il ?

Cette monnaie parallèle d’Etat est en fait une sorte de mélange entre billet de banque et obligation. Donc des titres garantis par l'Etat, ne générant pas d’intérêts, et sans date limite de validité. C'est bien d'argent qu'il s'agit.

Note : Cette monnaie n’a aucun point commun avec les monnaies locales, dites parallèles ou complémentaires, largement utilisées dans certaines villes de pratiquement tous les pays d’Europe et du monde. Car le Minibots équivalent à des bons du trésor et sont donc une monnaie garantie par l’Etat.

Contourner les traités...

La Banque centrale Italienne va-t-elle devenir le coeur du débat ?

Le lancement des miniBots sera en fait une façon de contourner les traités et notamment l'article 123 du TFUE qui interdit à la nation (à sa banque centrale) d’émettre de la monnaie.

• C'est un contournement (et pas une violation des traités), car d’une certaine façon, il ne s'agit que d'une forme de titrisation de la dette existante
• Et c'est un contournement (mais pas une violation des traités), puisque les traités (et la BCE) précisent qu'il ne peut y avoir qu'une monnaie au cours légal. L’Euro.

Or le cours légal signifie que tous les acteurs économiques sont obligés d'accepter l'euro. Rien de plus. Avec les miniBots, l'euro continuera à être la seule monnaie que les acteurs économiques seront obligés d'accepter. Donc la seule ayant un cours légal. Mais pas la seule à pouvoir être acceptée :)

Les commerçants par exemple n'accepteront les minibots que si ils le veulent. Donc les traités ne sont pas violés. L'UE est prise à son piège.

Acceptation

Beaucoup d'acteurs économiques accepteront de plus en plus d’être payés en miniBots.

Car ça leur permettra d’accroître leur chiffre (des contribuables à qui l'Etat ou les collectivités devaient de l'argent retrouveront plus de pouvoir d'achat, vu que l'Etat leur réglera ses dettes en minibots)

Des entrepreneurs fournisseurs de l'Etat et des collectivités et qui attendaient parfois plus d’un an pour être payés seront ainsi payés en minibots. Donc ils assainiront leur trésorerie et auront plus de marge de manoeuvre, pourront investir davantage, etc (beaucoup éviteront d'ailleurs la faillite et préserveront des emplois)

Ca permettra aux acteurs économiques (commerçants, etc) de payer leurs taxes et impôts en minibots. Voire de les utiliser eux-mêmes envers leurs fournisseurs (qui eux aussi les accepteront de plus en plus)...

... jusqu'à ce qu'au final, tout le monde accepte les minibots volontiers. D'autant plus qu'ils ont la garantie de l'Etat. Alors que les euros sont inexorablement destinés à disparaître.

D'ailleurs quand l'Euro s'effondrera, les italiens éviteront ainsi le chaos et seront parés pour la transition sans heurts. Prenons-en de la graine. Et il est fort à parier que des français vivant aux abords des frontières italiennes, seront enclins à garder quelques miniBots sous le coude, afin de pouvoir se tirer d’affaire au cas où l’explosion de l’Euro vienne à générer quelques tumultes temporaires pratiques.

Autrement dit les miniBots, vont même "risquer" à terme d'avoir (psychologiquement) plus de valeur que l'Euro aux yeux des citoyens italiens. Et plus si affinités :)

Autres avantages des MiniBots

Le gouvernement italien a déjà précisé que les billets des transports d'Etat (trains, bus, etc) pourront être payés en minibots. De même pour l’achat de carburant dans les stations des marques détenues par l'Etat

On ne prend que peu de risque à prédire que tout ce qui concernera l'Etat et les collectivités pourra être également très vite être payé en minibots.

(hôpitaux, services de santé, cantines, crèches, timbres, bibliothèques, musées, etc)

Italia é Italia !

marché noir des miniBots ? Faites vos courses messiers Dames ! :)

S'agissant de Italie, on peut même parier que les miniBots auront assez vite un "cours officieux" supérieur à l'Euro.

Ils pourraient même aller jusqu’à générer un marché noir

(en prévision de l'écroulement de l'euro, sa valeur garantie par l'Etat en fera un placement sûr pour le moment opportun).

Si gouverner c’est prévoir; prévoir c’est parfois survivre 

Avantages à la marge

- J'ajoute (à la marge), que une bonne partie des touristes visitant l'Italie seront désireux d'en garder un en souvenir. Ce qui contribuera symboliquement à amoindrir sa balance externe.

- Sans compter les centaines de milliers de collectionneurs et numismates à travers le monde qui échangeront volontiers des Euros ou des Dollars contre des minibots.

Là aussi contribuant à réduire la dette italienne d'autant en apportant des devises précieuses pour l’Italie

L’Euro condamné ?

En réalité, si l'Italie adopte effectivement cette seconde monnaie matérialisée par les minibots, l'Euro restera vivant officiellement; mais il sera assez vite condamné.

On pourra dire que ce sera le début effectif de la mort de l'Euro.

• Comme l'Italie évite ainsi d'accentuer sa dette en euros, elle pourra toujours utiliser cette création monétaire pour soutenir ses services publics, sans enfreindre les critères de maastricht

L'UE sera doublement “flousée”. Car l'article 106 sera lui aussi superbement contourné.

• Les marchés financiers :

Les marchés financiers seront mis dans un dilemme. Car dans leurs données italiennes, ils seront obligés d'intégrer cette nouvelle donne. Ce qui leur causera des maux de tête certains. Doivent-ils ou pas tenir compte de cette réalité bien tangible ? Et quid de leurs notations de l'Italie et des collectivités locales ? On va bien s'amuser.

• Les marchés d’actions (bourses)

Tout comme lors du précédent heurt entre l’Italie et Bruxelles en 2018, le marché des taux d’intérets a flambé, malmenant en conséquence le marché des actions.

Qu’adviendrat-il si l’Italie met en place les miniBots, sachant que l’incidence des taux serait alors atténuée par la simple capacité italienne à créer à taux zéro une partie des besoins financiers dont elle a besoin ? Une belle pagaille en perspective.

• Contagion ?

De surcroît l'UE est composée de 28 nations dont 19 adoptent l’Euro. Les autres nations adoptant l’Euro en dehors de l’Italie ne vont pas continuer à se soumettre, alors que l'Italie a trouvé la parade. Et si c’était le cas, quelle en serait l’excuse ?

Il y a donc tout lieu de penser que d’autres nations imiteront très vite l'Italie. D'ailleurs leurs populations les y pousseraient. Autrement dit, la mort de l'euro serait très vite effective.

Et comme l'UE est une coquille vide qui ne tient que sur cette monnaie sensée "unir les peuples", l'UE pourrait se désintégrer elle-même assez rapidement dans la foulée.

Au final

Que ce soit l'Italie ou une autre nation, avec ce système, les populations concernées ont avec les MiniBots la possibilité de contourner les traités, de contourner la rigueur des politiques austéritaires imposées par l'UE, et de pouvoir mieux subvenir aux besoins des services publics sans enfreindre les critères de Maastricht.

Autrement dit, que l'Italie s'y mette ou pas, voilà un sujet dont la population française (et pas que) devrait s'emparer, et faire pression sur leurs élites pour quelles appliquent ce principe.
Que les #GiletsJaunes, entre autres, en prennent aussi bonne note

(Mario Ponti)

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Complément d’analyse :

Vincent Brousseau, le spécialiste financier du parti UPR et un des plus éminents spécialistes mondiaux de l’Euro qui a travaillé plus de 13 années au coeur de la BCE, fournit son analyse de l’Euro et aborde également le sujet des MiniBots italiens

Liens :

• Bruxelles va (re)lancer les hostilités contre l’Italie
• La nouvelle crise de la dette en Italie menace la zone Euro
• L’Euro a - déjà - fait perdre 56 mille Euros à chaque français
• The Italy’s minibots
• La tentation des miniBots
• Epic Clash Italy-Brussels
• (Vidéo) 20 ans d’Euro, quel bilan ?

Source : facebook Mario Ponti