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Vu au macroscope 3
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  • Petite revue d'actualités sur des sujets divers: géopolitique, économie, santé etc.... Le titre est inspiré de l'ouvrage de Joël de Rosnay : "le macroscope - Vers une vision globale" - 1er février 1977 Une introduction à l'étude des systèmes complexes.
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28 juillet 2019

Aude Lancelin

Écrivains, vos papiers !

Dernière modification le 15/04/2019   //   ojim

« Le roman-confession de Drieu, Gilles, a‑t-il vraiment toute sa place aujourd’hui dans une collection d’apparat [La Pléiade], destinée aux étrennes en tout genre ? » Marianne, janvier 2012

Aude Lancelin est née à Tours en 1973. Philosophe de formation, dotée d’une plume alerte, elle est l’une des figures montantes du milieu germanopratin où elle se positionne en spécialiste de la littérature et du débat d’idées. Elle a préféré ses idées de gauche dure – et celles de son compagnon Frédéric Lordon – à sa carrière dans la presse de gauche bourgeoise, ce qui lui a fermé des portes… mais lui en ouvre d’autres chez Mélenchon.
Formation

Ancienne élève du lycée Henri IV (Khâgne, Hypokhâgne) aux débuts des années 1990 (1990 – 1992), puis de la Sorbonne (Paris IV), elle obtient son agrégation de philosophie en 1996. Après une expérience comme enseignante dans un établissement de l’Essonne, elle incorpore en 1997, le mastère Médias de l’ESCP (source : viadeo).

Parcours professionnel

Elle intègre en 2000 Le Nouvel Observateur, où elle couvre les domaines de la culture et des idées, notamment la critique littéraire et la philosophie. Parallèlement, elle collabore aux émissions télévisées « Culture et dépendances » (fin juin 2006) et « Postface » (fin septembre 2006).

Elle quitte Le Nouvel Observateur en août 2011 pour rejoindre Marianne en tant que directrice adjointe de la rédaction, responsable du service culture et idées.

Depuis le début de l’année 2014, elle présente « Contre-courant », une émission de débats sur Médiapart, aux côtés du philosophe Alain Badiou.

Le 2 mai 2014 marque la date de son retour au Nouvel Observateur, après le rachat de ce dernier par les hommes d’affaires Xavier Niel, Pierre Bergé et Matthieu Pigasse, propriétaires du Monde. Aude Lancelin réintègre l’effectif de l’hebdomadaire au poste d’adjointe du nouveau directeur Matthieu Croissandeau.

En juin 2016, considérée comme trop à gauche – et notamment trop proche idéologiquement de son nouveau compagnon Frédéric Lordon, elle est évincée du Nouvel Obs. Elle écrit ensuite un livre, Le Monde libre, où elle se paie cette presse de gauche devenue « esclave du Marché ». L’Obs est condamné à lui payer 90.000 € d’indemnités pour son licenciement « sans cause réelle ni sérieuse ».

À partir de juin 2016, elle anime l’émission La Guerre des idées sur le site Là-bas si j’y suis. En janvier 2017 elle commence à publier régulièrement des chroniques dans l’hebdomadaire Le 1 (Éric Fottorino, édité par FGH Invest), un des rares hebdomadaires lancés ces dernières années à être devenus rentable. En décembre 2017, elle rejoint la rédaction du Média, télé mélenchonniste qui se défend de l’être.

Aude Lancelin au Média : le coup d’état permanent

En décembre 2017 elle rejoint la rédaction du Média, télé mélenchonniste qui se défend de l’être.

Mi-juillet 2018, elle remplace Sophia Chikirou à la tête du Média, plongé dans une très forte crise interne due à des pertes financières (31.797€ de pertes par mois) et des querelles de personnes. Elle accuse Sophia Chikirou d’avoir tenté de soutirer 130.000€ au Média dans les dernières heures de sa présidence – dont 67.000 € refusés par la banque, pour des prestations de conseil de sa société Médiascop, ce qui n’arrange nullement l’ambiance interne. D’autant que Sophia Chikirou a déposé la marque Le Média pour le compte de Mediascop.

Elle nomme Théophile Kouamouo rédacteur en chef et lance une Société des Journalistes, qu’elle codirige avec lui ; 11 des 14 journalistes du Média la rejoignent – dont certains ont quitté le navire depuis.

Alexis Poulin et trois autres journalistes (Serge Faubert, Julie Maury, Léonard Vincent) entrent en sécession et dénoncent cette SDJ ainsi que l’agressivité contre ceux qui ont refusé d’en faire partie : « L’agressivité et les calomnies ont du reste été la règle envers les journalistes ayant refusé d’en faire partie. Qualifiés de « racistes », de « pauvre mec », de « lâches », se voyant nier le droit à la parole (« tais toi tu n’as pas le droit de parler »), nous n’acceptons pas ces pratiques d’intimidation ni les menaces qui pèsent sur nos emplois à la rentrée ».

Ils remettent en cause aussi la compétence de Théophile Kouamouo – présentateur lorsque Le Média a annoncé qu’un étudiant était dans le coma après l’évacuation de la fac de Tolbiac occupée, information partagée par d’autres médias de gauche (Reporterre, Libération, Médiapart) et qui s’est avérée fausse – Le Média s’est cependant enferré par idéologie puis a tardé à s’excuser. Mais aussi le fait qu’il se revendique comme un « racisé » : « Le Média, qui revendique de lutter contre le racisme, ne peut pas accepter que plusieurs journalistes se qualifient eux-mêmes par le terme de « racisés ». Cette expression est odieuse ! Au moment où le terme de race doit disparaître de la Constitution, ils le revendiquent comme une identité ! ».

Au cours de cette nouvelle passe d’armes, l’autoritarisme d’Aude Lancelin est mentionné : « Plusieurs te l’avaient dit sur ta page FB dés le départ, comment ça pouvait finir, entre une Greedy Sophia [Chikirou] qui a un passif en or massif et [Aude] Lancelin et ses tendances psycho rigides de rouge brune autoritaire », s’adresse un internaute à Alexis Poulin.

Le Média sent tellement le roussi que le confondateur Gérard Miller a préparé son atterrissage sur… LCI où il sera chroniqueur à la rentrée. Tout en continuant à animer des émissions sur Le Média qui n’a pas de mots assez durs pour le grand Capital et les bétonneurs… dont Bouygues, propriétaire de LCI.

Bref, comme le résume crûment Atlantico, le Média, c’est le symbole du « pichrocolisme intrinsèque à l’extrême gauche et son goût pour les déchirements sanglants sur fond d’obscurs points de doctrine et de contrôle de l’appareil de propagande […] Les grandes lignes : création d’un média de « réinformation » dans le plus pur style « on vous ment, on vous spolie » à coups d’appels à la générosité des damnés de la Terre ; rapide mise sur la touche des quelques journalistes authentiques [Aude Rossigneux] initialement recrutés par sens du marketing et installation progressive d’apparatchiks [Aude Lancelin] aux postes clés ; transformation de la structure en dispositif de règlement de factures gonflées à l’hélium aux amis ; étripements d’abord discrets puis publics entre archéo-communistes, crypto-hamonistes, radicaux multicularistes et simples ambitieux… ». Bref, un « nouvel échec du socialisme réel ; cette belle idée généreuse se cassant invariablement le nez sur la grille du goulag ou la porte d’entrée du Politburo ».

Cependant la saison 2 du Média, commencée sous les pires auspices, est marquée par le commencement du mouvement des Gilets jaunes : Aude Lancelin y voit sa planche de salut et s’y attache, renouant avec le journalisme de terrain, mais aussi avec le tropisme pro-France Insoumise de certains Gilets jaunes, dont le mouvement est aussi nourri par les idées de Lordon ou de Chouard. Avec les Gilets jaunes, le Média remonte son audience et se retrouve une virginité.

La saison 2 est donc plus faste que la première, mais pas sans nuages : Aude Lancelin met fin à sa relation avec Frédéric Lordon, selon des proches, et voit Théophile Kouamouo incapable de gérer le pôle actualités, au point de demander finalement à en être déchargé. Les soucis d’argent poursuivent aussi le Média, auquel Gérard Miller et Sophia Chikirou persistent à demander le remboursement de leurs créances – sans fonds de roulement – ce qui empêche le renouvellement du matériel et des collaborateurs, l’existence du Média est menacée à moyen terme.

Cependant, c’est une affaire interne au Média qui aura raison de sa volonté : le 9 avril elle dénonce sa démission devant un « putsch » interne qu’elle dénonce dans une lettre ouverte : « Ce soir, l’Assemblée générale de l’Association du ‘Média’ élira un nouveau bureau. Le résultat est connu d’avance. Celui-ci a été imposé par une écrasante majorité de personnages n’appartenant pas à notre équipe et dont, à une exception près, aucun n’est journaliste. Nous apprenons avec stupéfaction que cette prise de contrôle extérieure était en préparation depuis plusieurs semaines […]Cette coalition a pour but avoué, exposé devant témoins, de renverser l’actuelle direction. Tout cela s’est fait dans le dos de l’ensemble de la rédaction, ainsi que des équipes techniques du Média”, accuse encore la journaliste, qui conclut : “Il n’est évidemment pas possible pour moi de travailler désormais sous la tutelle d’une coalition illégitime à tout point de vue »

Or, au coeur de ce putsch, Aude Lancelin dénonce « l’unique journaliste ayant accompagné ce putsch [qui] contestait déjà, depuis le début du mouvement, l’orientation à ses yeux pro-gilets jaunes prise par le Média sous ma responsabilité ». Ce journaliste, selon Libération, c’est « Théophile Kouamouo, auteur mardi matin d’un mail qui a mis le feu aux poudres », où il dénonce des relations humaines tendues à l’intérieur du Média. Dans les colonnes de Libé, le grand déballage continue : Aude Lancelin y dénonce l’implication de deux cofondateurs historiques, proches de Sophia Chikirou : Gérard Miller et Henri Poulain.

Le grand déballage continue aussi sur Twitter et sur l’antenne même du Média, puisque la réaction de Kouamouo à la démission d’Aude Lancelin a été comprise par cette dernière comme une « diffamation ». Elle a d’ailleurs répondu à une charge violente, sur Twitter, de Théophile Kouamouo contre Virginie Cresci, qu’il somme de « rendre sa carte de presse » : « A sa manière grossière, violente et diffamatoire, le seul journaliste putschiste de @LeMediaTV, dont je suis encore directrice de la publication, vient intimider sur Twitter une jeune journaliste parce qu’elle ne cautionne pas ses intrigues. Soutien à toi, ma chère Virginie ».

Nombre de socios, pas consultés – quand le seront-ils ? – sont eux aussi abasourdis. Un parmi tant d’autres écrit : Aude Lancelin va quitter @LeMediaTV. Ce saccage est lamentable. Les putschistes sont des minables. Demain ma lettre de résiliation sera postée. #JeNeSuisPlusSocio ».

Dans sa lettre de démission, Aude Lancelin laisse entendre qu’elle recréera, ailleurs, un média. « Peut-être avec Virginie Cresci, dont elle était très proche et qui portait avec elle, à bouts de bras, la saison 2 du Média », laisse entendre un proche. « Ce qui est sûr, c’est qu’on lui a fait un enfant dans le dos, et de ce fait, elle ne veut plus retourner au Média ».

Parcours militant

En avril 2017 elle prend vigoureusement position contre Emmanuel Macron (et les connivences de la presse mainstream qui ont permis son accession au pouvoir) sur Agoravox : « Macron, ce n’est pas seulement la continuation de politiques usées, celles qui ont lepénisé les classes populaires depuis trois décennies et rétabli un quasi esclavage pour certains peuples européens. Macron, c’est le retour du tâcheronnage sous couvert de modernité. Macron, c’est le 19ème siècle à travers les âges et son indifférence complète à la souffrance populaire, à peine barbouillé de couleurs acidulées et de Silicon Valley. Macron, c’est en réalité ni plus ni moins que le retour du Comité des Forges, et de sa fameuse presse, entièrement asservie par l’argent de la haute finance et celui de la grande industrie ».

En décembre 2017 elle rejoint la rédaction du Média, qui est mis en place par des personnalités très proches de Mélenchon, dont sa conseillère en communication Sophia Chikirou. Dès septembre 2017 elle signe la tribune parue dans le Monde pour la création d’un « média alternatif éloigné du modèle économique et idéologique dominant ». Média qui vire ses collaborateurs tout aussi rapidement que la presse mainstream, et qui accepte même la pub, « selon le modèle dominant »… Sic transit.

Ce qu’elle gagne

Aux prud’hommes, elle demande 460.000 euros d’indemnités pour son licenciement du Nouvel Obs (dont 90.000 lui seront accordés). Ce qui représente plusieurs années de son traitement et donne une idée de son salaire…

Publications
  • « Histoire d’une réhabilitation », dans Nietzsche, penseur du chaos moderne, Paris, Scali, 2007.
  • Le déclinisme, dans Jérôme Garcin (dir.), Nouvelles mythologies, Paris, le Seuil, 2007.
  • Les Philosophes et l’amour. Aimer de Socrate à Simone de Beauvoir, avec Marie Lemonnier, Paris, Plon, 2008.
  • L’explication. Conversation avec Aude Lancelin, Alain Badiou et Alain Finkielkraut, Paris, Lignes, 2010.
  • Le Monde libre, Paris, Les liens qui libèrent, 2016,
  • Éloge de la politique, avec Alain Badiou, Paris, Flammarion, 2017
  • La Pensée en otage. S’armer intellectuellement contre les médias dominants, Les Liens qui libèrent, Paris, 2018, 110 p.
Collaborations

Membre du jury 2013 du prix de la presse française pour les arts et la culture, Les Globes de Cristal.

2012 : Membre du jury pour le prix littéraire Le Procope des Lumières avec Malek Chebel, François de Closets, Roger-Pol Droit, Caroline Fourest, Alexandre Lacroix, Olivier Poivre d’Arvor, et André Bercoff (source : www.procope.com).

Octobre 2011 : Intervenante à la semaine de la Pop philosophie à Marseille

Novembre : Modératrice lors d’un débat entre Barbara Cassin, Alain Badiou et Françoise Gorog sur le thème « L’amour a‑t-il un avenir ? » lors de la 14èmes semaines européennes de la philosophie Citéphilo2010.

Octobre 2010 : Participe, lors du salon du livre du Mans, à un hommage à Philippe Muray avec Élisabeth Lévy, Éric Naulleau et Bernard Quiriny (Lire, février 2011)

Avril 2008 : Présente à la 25ème foire du livre de Saint-Louis (Alsace)

Elle l’a dit

« L’antiracisme se voit depuis quelques années la cible d’une vaste tentative de délégitimation. Quasi devenu une étiquette honteuse pour les esprits forts qui campent sur les plateaux télé, il serait même responsable, par son insoutenable naïveté, d’une montée du racisme véritable, apparemment réservé aux piliers de bar tabac. (…) “Quel courage y a‑t-il à s’acharner contre celles et ceux qui subissent des discriminations au quotidien?” Une chose est sûre: pendant que les libres penseurs “de souche” pérorent, des Français “de papiers” s’organisent pour ne plus subir. » « Le racisme expliqué à Zemmour », Le Nouvel Observateur, 31 mars 2011.

« Fusion sentimentale et idéologique pour les uns, irréalité douloureuse pour les autres: durant quelques mois d’un été caniculaire, tout le monde se met à voir partout des éléphants roses. Consultés par une presse enthousiaste, des employés témoignent que leurs chefs de rayon leur parlent désormais avec égard. Habitués à l’ombre des permanences, jeunes énarques et syndicalistes marxisants découvrent avec éblouissement la lumière des ors et des gyrophares. Les boîtes parisiennes ne désemplissent pas. La cocaïne y circule déjà en abondance sur la pop de Police, Foreigner ou Kim Carnes, bombe californienne qui fournit avec «Bette Davis Eyes» le tube de l’été. » « L’été 1981, sous le signe de la rose » Le Nouvel Observateur, 13 août 2009.

« “L’idée de communisme” retrouverait-elle, par temps de crise, une vigueur inattendue? Alain Badiou, Slavoj Zizek, Toni Negri, Michael Hardt, Jacques Rancière et plusieurs autres grands noms de la philosophie politique radicale mondiale étaient réunis, ce week-end, à Londres, pour un colloque sur cette notion. Aude Lancelin a suivi les débats. (…)Loin de tout folklore bolchevique cependant, l’heure n’était pas à la rumination nostalgique ni à la provocation antilibérale grossière durant ces trois journées de haute densité conceptuelle. L’humeur n’était évidemment pas davantage à une tentative de sauvetage partiel du bilan indiscutablement calamiteux des Partis-Etats communistes du XXe siècle. Sur ce plan-là, tous les intervenants étaient d’emblée d’accord. Deux conditions sine qua non déterminaient leur présence à cette manifestation. Être disposé à envisager positivement un renouveau de l’hypothèse communiste aujourd’hui, et n’être le porte-voix d’aucune formation politique institutionnelle. » « Marx contre-attaque », Le Nouvel Observateur, 16 mars 2009.

« Il en sait des choses, Bernard-Henri Lévy. Le néo-kantisme d’après-guerre. La vie culturelle paraguayenne. Seul problème, Jean-Baptiste Botul n’a jamais existé. Pas plus que ses conférences dans la pampa, auxquelles BHL se réfère avec l’autorité du cuistre. Ce penseur méconnu est même un canular fameux. Le fruit de l’imagination fertile de Frédéric Pagès, agrégé de philo et plume du “Canard enchaîné”, où il rédige notamment chaque semaine “Le journal de Carla B.”. Un traquenard au demeurant déjà bien éventé depuis la parution de “la Vie sexuelle d’Emmanuel Kant”, pochade aussi érudite qu’hilarante, publiée en 1999 et rééditée en 2004 aux éditions Mille et une nuits, sous le pseudonyme de Botul. Une simple vérification sur Google aurait d’ailleurs pu alerter le malheureux BHL. Le même Botul y est en effet aussi répertorié pour avoir commis une œuvre au titre prometteur :“ Landru, précurseur du féminisme”. » « BHL en flagrant délire : l’affaire Botul », Le nouvel Observateur, 8 février 2010.

« Accusé d’avoir saboté des lignes de TGV, Julien Coupat avait cofondé, en 1999, la revue “Tiqqun”, dont paraît un recueil de textes. (…) Hommage du vice à la vertu, la criminalisation d’objets de pensée comme “l’Insurrection qui vient” est peut-être le signe qu’après vingt années de neutralisation par la dérision et le mépris l’intellectualité est en phase de redevenir une contenance suspecte aux yeux du pouvoir. A lire ces “Contributions à la guerre en cours” de Tiqqun, on ne peut qu’être frappé par la sorte de prémonition qu’on y découvre du traitement aujourd’hui réservé à certains de ses membres. » « Quand Julien Coupat animait «Tiqqun» Le nouvel Observateur, 28 mai 2010.

« Rares sont en effet les figures de gauche à avoir eu l’audace de se réclamer de Camus avant les années 80. L’anticommunisme précoce de ce dernier en avait fait un suspect dans son camp. Même crime de lucidité qu’Orwell par rapport au dogme de l’infaillibilité stalinienne, même châtiment que pour l’écrivain et essayiste anglais. C’est ainsi que, chassé de sa famille politique, la rumeur avait fini par faire de Camus un homme du consensus tiède, du compromis petit-bourgeois, de la grande peur des petits Blancs aussi, écartelé entre la justice et les siens sur l’affaire algérienne. » « Le vrai Camus » Marianne, 8 janvier 2012.

« Avant cette date, l’idée d’accuser Arendt de « haine de soi » eut simplement semblé burlesque. Toute sa vie Arendt affirmera en effet avoir parlé politiquement au nom des juifs. Et à l’exception du journaliste dreyfusard Bernard Lazare, personne avant elle n’avait fait preuve d’une compréhension aussi profonde de l’antisémitisme spécifique aux temps modernes, personne n’avait fourni de thèses aussi convaincantes sur cette arme politique de destruction massive. » « Lanzmann critique l’idée de banalité du mal d’Hannah Arendt », Marianne, 13 novembre 2011.

« La butte Montmartre entière est en émoi, Toulouse-Lautrec en sursaute dans sa tombe, Amélie Poulain en perd ses bas à vélo, la chaîne américaine Starbucks, géant mondial du café, nouveau rival de McDo dans la catégorie un peu usée de «symbole honni de l’uniformisation culturelle yankee», vient en effet d’annoncer l’ouverture d’un café à son enseigne en 2013 sur la fameuse place du Tertre, située à deux pas du Sacré-Cœur, haut lieu parisien des peintres ratés et des caricaturistes casse-bonbons, où seuls les pickpockets se montrent encore parfois au niveau de leur réputation internationale. Le 23 novembre dernier, un communiqué de l’association Paris fierté sonnait le tocsin, aussitôt relayé par le Bloc identitaire, groupuscule de petits FAF (France aux Français), avant tout connu pour vouloir bouter le Nord-Africain hors des frontières, mais qui a visiblement décidé d’élargir ses combats civilisationnels au grain à moudre nord-américain. “Starbucks go home ! Ici, c’est Montmartre.” (…)Contre le stalinisme du cool, il est certain que la France ne s’en tirera pas en dégainant, comme en cette fin d’année place du Tertre, une sorte de pétainisme du chevalet. (…) Ce «fétichisme du patrimoine», parfaitement mortifère, qui fait que même le toc américain semble aujourd’hui plus vrai que le Paris montmartrois à baguette et casquette dont nous continuons d’exporter l’image de par le monde, en gardiens de cimetière zélés de notre propre caveau. », « Starbucks contre le Sacré-Cœur », Marianne, 1er décembre 2012.

« C’est bizarre, mais nous aussi nous étions titulaire d’une carte de presse en 2006, soit un an avant l’élection de Nicolas Sarkozy. Et les adorateurs de sans-papiers et autres guévaristes impénitents, nous en avons rarement croisé dans les rédactions. Jamais à proximité d’un plateau de télé, en tout cas. La tendance alors, pour bénéficier des courants ascensionnels, était déjà, dans la corporation, au ralliement plus ou moins subliminal à toutes les variantes de la chasse aux “bien-pensants”, ces nantis angélistes piétinant les working poors, surtout quand ils sont “de souche”, et leur préférant bien entendu les métèques, surtout s’ils ont une bombe dans la poche et barbotent les aides sociales. » « Gramsci s’invite au bar-PMU », Marianne, 27 octobre 2012.

« Entre ici, Pierre Drieu La Rochelle, avec ton terrible cortège… C’est à un bien étrange cérémonial que nous convient les éditions Gallimard au printemps, en relogeant en Pléiade, leur collection la plus prestigieuse, le plus compromis de leurs anciens employés. Ainsi le dandy collabo qui se chargea de verrouiller la Nouvelle revue française (NRF) de 1940 à juin 1943, l’auxiliaire nonchalant de la Propaganda Staffel, l’ex-proche des surréalistes qui en vint à saluer dans la mythique revue “le génie d’Hitler et de l’hitlérisme”, l’antisémite convaincu qui, trop conscient de son désastre, se suicidera le 15 mars 1945 verra-t-il une dizaine de ses romans et nouvelles publiés sur papier bible. (…)Un point de vue pour le moins audacieux. Véritable parabole fasciste, de bout en bout imprégné de racialisme antijuif, le roman-confession de Drieu, Gilles, a‑t-il vraiment toute sa place aujourd’hui dans une collection d’apparat, destinée aux étrennes en tout genre ? (…) En attendant, la maison Gallimard se dit très sereine. Né il y a quatre ans, ce projet n’a pas soulevé la moindre objection en interne et, jusqu’à aujourd’hui, personne n’avait appelé pour s’étonner. Ou plutôt si. Un critique du Figaro, il y a quelques jours… peiné qu’on ne republie pas l’intégralité des romans de Drieu.» « Un collabo au Panthéon », Marianne, 28 janvier 2012.

« Le sarkozysme est décidément une maladie qui inspire de la frayeur. D’un gaulliste social autrefois fréquentable, Henri Guaino, elle aura réussi à faire en cinq ans un barde enflé de mots creux, capable de déployer les plus comiques contrevérités pour instiller la nostalgie d’un tyranneau agité dont le pays a à peine réussi à se défaire. » « Henri Guaino, écrivain pour chambres de commerce », Marianne, 20 octobre 2012.

« Nombre d’écrivains qui l’ont jadis connu dans des revues littéraires décrivent pourtant des positions précocement bien plus troubles. A l’époque de Recueil, en 1984, Millet est même connu pour signer sous le pseudonyme de Marc Fournier des éditos dont les sites identitaires extraient aujourd’hui encore des perles avec gourmandise. (…) Aujourd’hui, c’est Richard Millet qui, sur fond d’islamophobie banalisée, tente de gagner ses ultimes galons d’ennemi public numéro un grâce au white trash décompensé Breivik. » « Richard Millet, tragédien et martyr », Marianne, 8 septembre 2012.

« Terrifiée à l’idée de passer pour angéliste, laxiste, voire “immigrationniste”, selon l’anathème aujourd’hui en vigueur sur tous les sites extrémistes, la gauche rivalise de prudence pour défendre les derniers entrants contre une xénophobie d’Etat de moins en moins refoulée. De discours de Grenoble en référendum de la dernière heure sur le droit de vote des étrangers, le quinquennat de Sarkozy aura été une période de régression impressionnante pour la cohésion nationale. (…) Véritable carrefour ethnique, la France, ni celte ni latine ni germanique, offre un « mauvais terrain pour le racisme », écrivent les deux auteurs. On aimerait les croire. Que l’homogénéité française soit un mythe n’a jamais empêché certains de fantasmer sur une identité perdue, souillée, avec l’appui désormais plus que subliminal d’une partie de la droite gouvernementale. C’est peu de dire que le “moment Sarkozy” aura laissé une profonde empreinte. » « Malaise dans l’identité française ? » Marianne, 25 février 2012.

« Quand on lit votre recueil de textes, Jean Daniel, on se rend compte en effet du durcissement constant du discours politique sur l’islam. Au début des années 90, Jean-Marie Le Pen était le seul à insinuer une « incompatibilité entre les lois de l’islam et les lois de la République ». Ce n’est plus le cas aujourd’hui, alors qu’une sorte d’islamophobie laïco-chrétienne essaime du côté de l’UMP et même de celui d’une gauche républicaine autoproclamée… ». Ibid.

« On connaît le précepte augustinien : “à Rome fais comme les Romains”. Mais justement ces gens-là, les gens des « quartiers », ils ne vivent pas à Rome. Très concrètement ils vivent dans des zones de relégation complète, et leur accès à la citoyenneté française reste donc largement théorique… » « Finkielkraut-Badiou: le face-à-face », BibliObs, 17 décembre 2012.

« On n’a pourtant rien trouvé d’autre jusqu’à présent que le cadre national pour imposer la redistribution par l’impôt, la sécurité sociale et autres acquis sociaux que vous-même, Alain Badiou, défendez par ailleurs. N’en déplaise aux altermondialistes à la Toni Negri, qui en viennent même à réclamer un improbable « salaire minimum mondial », tout cela est rendu possible uniquement par l’adossement à un cadre national.… » Ibid.

« Passons sur le cas Renaud Camus. A la droite extrême du Quai-Conti, il serait injuste de priver Félicien Marceau d’un bon camarade de mots fléchés. La candidature de Didier van Cauwelaert s’avère autrement gonflée. L’auteur de “l’Évangile de Jimmy” et de quantité d’autres romans de gare à la syntaxe infirme rejoindra-t-il bientôt sous la Coupole les gardiens du mètre étalon de la langue française? » « Tocard Academy », BibliObs, 6 mars 2009.

« IN MEMORIAM. Ils étaient venus par dizaines de milliers d’Aubervilliers, de Nanterre, de Saint-Denis, confiants, les mains nues, en costume de ville. La répression fut d’une violence inouïe, difficile à comprendre même, lors de cette tragique nuit du 17 octobre 1961. Rafales de mitraillette, séquestrations en masse, matraquages, noyades sordides d’hommes jetés en sang dans la Seine. Une ratonnade géante en plein Paris. (…) Sur la nuit du 17 octobre, cette nuit longtemps vouée aux eaux croupies de notre mémoire collective, la vérité aussi est en marche et rien ne l’arrêtera. » « Deux films sur le massacre du 17 octobre 1961 », Marianne, 19 octobre 2011.

« On ne parle plus que de lui en France depuis quelques années, sans jamais oser vraiment le nommer. Le « petit Blanc », équivalent du white trash américain popularisé par le rappeur Eminem, c’est le Blanc pauvre de la Courneuve, relégué socialement et isolé ethniquement. C’est aussi la femme seule de la banlieue d’Amiens qui hait les « putes blondasses qui se font sauter par des Nègres ». C’est le vieux garçon qui n’ose pas mettre les pieds au Havre, aussi bien dans le centre bourgeois que dans les HLM métissés, où il redoute les mêmes regards moqueurs. Le romancier Aymeric Patricot, 39 ans, est allé à leur rencontre et en a tiré un livre : Les Petits Blancs. Un voyage dans la France d’en bas (Plein Jour).

À ces « gueules cassées de la misère », il a posé toutes les questions qui ne se posent pas. Image de soi, perceptions raciales, fantasmes sexuels, envie sociale, rêves enfuis. Il l’a fait et il a eu raison de le faire, car peu d’études permettent à ce point de sortir de la terrible bataille rangée des clichés en train de se mettre en place dans le pays. Un face-à-face insoluble opposant une partie de la gauche, de plus en plus terrifiée par ces classes populaires qu’elle n’arrive plus à envisager autrement que comme du gibier frontiste, des ploucs racistes et menaçants, à une droite hypocrite qui, profitant de l’absence d’un grand parti plébéien populaire autre qu’extrémiste, depuis l’effondrement du PC, a fait de ces anciens « prolétaires » ses nouveaux héros, ses enfants chéris.

Car telle est bien l’alternative perverse en train de se mettre en place dans le pays. Ou vous glorifiez niaisement ce peuple redécouvert, comme le firent les communistes des années 50, et décrétez qu’il faut le justifier jusque dans son ressentiment le plus suicidaire, le vote FN par exemple. Ou vous le décidez irrécupérable, comme le fit en 2011 la fondation Terra Nova, et considérez que tels les rednecks, les culs-terreux mis en scène dans Massacre à la tronçonneuse, il ne saurait avoir d’autre sentiment profond face à une France en train de changer que celui de Meursault chez Camus : « tirer sur un Arabe »

[…] On referme au contraire le livre avec le sentiment que c’est décidément par la tête que le poisson aura pourri en France, où les socialistes, exécuteurs des basses œuvres du capitalisme à partir des années 80, auront livré le peuple à toutes sortes d’idéologues aux buts très éloignés de ceux des smicards qu’ils prétendent défendre. » Marianne, 26 octobre 2013.

« L’angoisse de l’indifférenciation sexuelle est une chose veille comme le monde. On ne la trouve pas seulement chez Béatrice Bourges, Eric Zemmour ou Alain de Benoist, qui vient du reste d’y consacrer un livre extrêmement argumenté, les Démons du bien (éd. Pierre-Guillaume de Roux). On la trouve aussi chez des penseurs comme Rousseau, qui ne passe pas exactement pour un auteur réactionnaire. » Marianne, 2 mars 2014.

« Comment les journalistes d’un groupe appartenant à deux milliardaires issus du luxe et des télécoms et un banquier d’affaires peuvent-ils se penser bien placés pour décerner des points de bonne conduite intellectuelle à qui que ce soit ? », Vice, 06/03/2017.

« Laurent Joffrin. Un éditocrate emblématique, qui faisait partie des polytraumatisés de la critique des médias menée par le Monde Diplo ou Acrimed – et, plus largement, par tout ce qui était né dans le sillage des grandes grèves de 1995 », ibid.

« La critique des médias n’est pas un sport très répandu chez mes confrères. Ça passe souvent pour un manque de « confraternité ». On entend souvent ce terme-là, que je n’ai pour ma part jamais compris. Si vous êtes charcutier, devez-vous vous sentir solidaire d’un confrère qui mettrait de la viande avariée dans ses saucisses ? C’est très curieux comme idée. Personnellement, je ne me sens nullement solidaire de David Pujadas, de Ruth Elkrief ou d’Arnaud Leparmentier. Nous ne faisons tout simplement pas le même métier, eux et moi » ibid

« Avec mes adjoints et collègues, j’ai au contraire connu des années très dures dans une presse en plein effondrement, au cours desquelles nous travaillions énormément, avec très peu de moyens, douze à quatorze heures par jour, week-end compris, souvent à la limite du burn-out. Je dirais même que plus on monte hiérarchiquement dans le domaine de la presse d’aujourd’hui, plus les contraintes et les souffrances augmentent », ibid.

« Il ne s’agit plus de s’offrir un titre pour soutenir tel ou tel camp, on est passé à un autre âge de la propagande, plus insaisissable, plus dangereux par conséquent. Au sens large, il s’agit en effet d’imposer une vision libérale du monde, où la casse sociale la plus sordide se voit réenchantée en modernité ubérisée, de promouvoir un monde fluide, pseudo-innovant, sans alternative », ibid.

« Le plus drôle, c’est que ce journalisme obsédé de modernité ne peut s’enorgueillir d’aucune réussite commerciale. Le journalisme dépolitisé, liquide et ultra-connecté est un véritable naufrage économique. Que vous preniez la presse de Drahi ou le groupe Le Monde Libre, on tombe à chaque fois sur des catastrophes industrielles : la base d’abonnés de L’Obs s’est effondrée depuis son rachat en 2014, une vraie chute libre désormais. Ne parlons pas de Canal+ : avec plus 500 000 abonnés en moins depuis l’arrivée de Bolloré, on est dans la dinguerie, là. À terme, je ne pense pas que Le Monde puisse être une réussite économique, même si pour le moment, jouer la carte « quotidien de référence » s’avère bien sûr un recours efficace », ibid.

« La seule information véritablement monétisable, ce sont des titres comme Mediapart qui la produisent. Avec une ligne très assumée, qui parle fort, et dit vraiment quelque chose sur le monde », ibid.

« Si les géants des télécoms, Xavier Niel et Patrick Drahi, ont désormais élu pour terrain de jeu les médias depuis les années 2010, ce n’est pas parce qu’eux seuls étaient en état de supporter les coûts soi-disant astronomiques de la presse. C’est parce qu’ils y avaient un intérêt stratégique majeur, et que, avec la complicité du pouvoir politique, et à la faveur d’un affaiblissement de la culture démocratique chez les journalistes autant que chez les citoyens, ils ont commis un véritable raid sur la circulation des opinions dans notre pays. Là encore, tournons nos regards vers les Etats-Unis, où les géants des télécoms comptent également parmi les groupes de pression les plus redoutés et les plus influents de tous ceux qui cherchent à avoir les faveurs du Capitole. Une fois encore, je le répète, nous vivons avec vingt ans de retard le désastre du journalisme américain » Les Crises, 13/10/2017.

« Une poignée de journalistes, même de valeur, est nécessairement impuissante face à la marée montante de leurs confrères qui, eux, acceptent les règles du jeu, et produisent un journalisme insipide défendant les intérêts de l’oligarchie. Tout au plus cette petite poignée de gens à la sensibilité politique différente peut-elle ponctuellement servir d’alibi, mais elle est en réalité toujours maintenue dans la position du minoritaire. Or, par définition, un alibi ne débloque jamais le système », ibid.

« Lorsque les médias appartiennent à des groupes d’affaires, il existe toutes sortes de sujets sur lesquels leur communauté de vue est totale. Sur la loi Travail XXL par exemple, vous n’aurez pas de vision différente si vous lisez les « Echos » de Bernard Arnault, ou « le Figaro » de Serge Dassault, ou « L’Obs » de Monsieur Niel, ou « le Point » de Monsieur Pinault, hebdomadaire de la droite libérale […] L’existence même d’un phénomène politique comme Emmanuel Macron, véritable media darling de toute cette presse CAC 40 pendant la présidentielle, prouve que ce qu’on appelle la « diversité » idéologique de ces titres est bidon », ibid.

« Au harem des idées, le journaliste est nécessairement cantonné dans le rôle de l’eunuque. Il doit rester neutre. Sinon c’est un militant, et ce n’est pas bon pour son avancement, pas du tout même. […] Si le journaliste a des combats, ça ne peut donc être soit que de grandes généralités concernant les libertés publiques, soit le fact checking compulsif qui tient trop souvent lieu de seule colonne vertébrale aujourd’hui à la profession », ibid.

« Abreuvés de rasades entières de mensonges, et de communication politique, les gens sont en proie à un sentiment d’immense découragement. Beaucoup […] tournent purement et simplement le dos à la politique. C’est ainsi que cinquante ans de luttes sociales peuvent se trouver arasées en un été […] L’élection de Macron a donné le sentiment à beaucoup de se trouver pris dans une gigantesque souricière. En amont les médias ont expliqué qu’il n’y avait d’autre choix possible que Macron, et qu’il serait antidémocratique de ne pas voter pour lui. En aval les médias ont expliqué qu’il n’y avait rien à faire contre les mesures de Macron, […] qu’il serait donc antidémocratique de lutter contre elles. Donc oui les médias peuvent beaucoup, et même tout en réalité quand il s’agit de décourager les gens », ibid.

« Ce soir, alors même que je suis encore directrice de la rédaction et salariée, un collègue me diffame à l’antenne de notre cher @LeMediaTV, pour qui j’ai tout donné depuis un an et demi. Quel étrange sentiment. Merci Virginie de rendre publique la lettre envoyée à tous nos amis. », Twitter, 10/04/2019.

« C’est bien une tentative de prise de contrôle extérieure qui était en cours hier, ainsi que le président de l’Association m’en avait averti en ces termes ce lundi matin, 24h seulement avant l’AG. Celle-ci incluait deux des anciens cofondateurs du Média, quelques-uns de leurs sbires déjà partis de la maison, […] , ainsi qu’un journaliste, un seul, lui-même en échec, faute d’avoir été capable d’organiser d’un collectif de cinq personnes – incapacité humaine et professionnelle qu’il avait fini par acter lui-même en demandant à être déchargé de la tête du pôle actu », mail aux salariés du Média, 10/4/2019

« S’il y avait encore le moindre doute sur le degré d’hostilité, de violence, de bassesse à mon égard de ce quarteron de putschistes, je crois que la séance d’hier, que l’on m’a rapportée, et les mails effroyables qu’il ont envoyés tout au long de la journée, aura ôté tout doute dans vos esprits. […] Par ambitions lilliputiennes, jalousie, aveuglement complet quant à leurs propres forces, ces gens ont pris la responsabilité de briser notre aventure collective », ibid.

« Il n’est évidemment pas question pour moi de retravailler jamais avec ces naufrageurs, ces gens qui, non seulement n’ont aucune légitimité professionnelle concernant la direction à prendre au Média, mais sont en plus moralement dans des dérives très préoccupantes. Aussi grande que soit ma peine, je vous le confirme donc : ma décision de démissionner est irrévocable. Il en va désormais de ma santé, de mon avenir et de ceux de mes proches », ibid.

Sa nébuleuse

Après 2015 : Olivier Berruyer, Frédéric Lordon (jusqu’au printemps 2019), Gérard Miller, Alain Badiou, Emmanuel Todd, Jacques Rancière, François Ruffin. Virginie Cresci (son adjointe au Média de l’automne 2018 au printemps 2019).

Ils ont dit

« Je dois reconnaître néanmoins qu’elle met un vrai talent, dans Le Nouvel Observateur, à donner corps avec concision et clarté aux opinions exactement inverses des miennes. Ainsi il m’a semblé observer récemment, avec plaisir, une tardive percée de la réalité dans le débat idéologique, parce qu’il y était enfin question, après des années de refoulement, des “communautés”, des “groupes ethniques”, des composantes diverses de la société multiculturelle, et de leur rôle dans l’actualité et dans la société telle que nous l’éprouvons. Aude Lancelin est si limpide à ce propos, on dirait que c’est à moi qu’elle répond – mieux qu’à moi, plus qu’à moi, à mes réflexions intérieures », Renaud Camus

« Des couloirs de l’hôtel Raphaël aux bistrots bobos du quartier Latin, BHL n’en finit plus de fulminer contre cette “petite grue” d’Aude Lancelin. C’est que l’effrontée journaliste a eu le culot de publier, en février, dans les colonnes du Nouvel Obs, un article peu flatteur pour notre chemise blanche. Dans son livre “De la guerre en philosophie”, relevait Aude Lancelin, BHL cite Jean-Baptiste Botul, un philosophe qui, en fait, n’existe pas ! Là, l’ensemble (ou presque) des médias s’y sont mis. Quoi, notre philosophe national ne vérifierait pas ses sources ? » « Rancunier, BHL change de stratégie », BAKCHICH, 1er avril 2010.

« En 2000, l’auteure est entrée comme reporter au Nouvel Observateur. Elle s’y est distinguée notamment en couvrant la vie des idées et en levant quelques lièvres qui firent du bruit, lorsqu’elle a confondu l’inénarrable BHL usant du farcesque et imaginaire Jean-Baptiste Botul comme d’une source crédible à propos de Kant, et quand elle a dénoncé l’élection de Claudine Tiercelin au Collège de France, ce qui fut nettement moins drôle. En 2011, elle a cédé aux sirènes de Marianne par l’entremise de Jacques Julliard qui lui offrait le poste de directrice-adjointe. Las ! Deux ans après, elle cédait à celles du Nouvel Observateur désormais propriété du trio BNP (Bergé/ Niel/ Pigasse) qui lui offrait un retour en fanfare comme directrice-adjointe de la rédaction. A l’épreuve, le poste s’avéra plus large que le titre ne le supposait puisqu’elle y exerça une véritable influence en en faisant une tribune pour les idées de ses amis, le philosophe Alain Badiou, Frédéric « NuitDebout » Lordon, le démographe Emmanuel Todd, sans oublier Jacques Rancière, Slavoj Zizek, Toni Negri et autres classiques de la philosophie politique radicale, qui l’aident, elle et elle seule manifestement dans la presse, à formuler une critique culturelle de la modernité capitaliste, et à mettre de la complexité dans l’analyse du terrorisme.
Jusqu’à ce que les actionnaires du groupe, alarmés par la baisse catastrophique des ventes de l’Obs […] fassent d’Aude Lancelin l’unique bouc-émissaire de cette dégringolade alors que la responsabilité en était largement partagée, ne fut-ce que pour lui avoir laissé le champ libre », La République des lettres, 11/11/2016.

« Avec un sens prononcé de l’hyperbole, elle flingue à tout va et si on a parfois l’illusion tel ou tel s’en tire et trouve grâce à ses yeux, elle se précipite dès la page suivante pour le chercher dans un coin et achever le blessé d’une balle entre les deux yeux. On n’aimerait pas appartenir à la cellule dont elle serait la commissaire politique », ibid.

« Leur orgueil blessé en bandoulière comme si leur vertu était outragée d’avoir été débarqué, il n’y a dans ce pays que les journalistes-vedettes et autres starlettes des médias pour en faire des tonnes quand on ose se passer de leurs services. Pour la plupart, ils ont du mal à comprendre qu’ils ne sont pas propriétaires de leur émission, de leur journal, de leur rubrique, de leur titre, de leur fauteuil », ibid.

« Dommage que sa hargne imagée exhale si souvent l’écoeurant fumet de la haine. Rarement lu quelque chose d’aussi violent dans le genre du pamphlet depuis… Karl Kraus, ou presque. […] Ils partagent entre autres une même vision exclusivement idéologique de la profession de journaliste, de la presse comme instrument d’oppression et d’exploitation du grand capital. Avec en plus, chez elle, une façon nauséabonde de ramener les gens à leur physique », ibid.

« Eu égard aux paquets de boue qu’elle balance sur celui qui l’a jadis faite entrer au Nouvel Observateur et sur celui qui l’a faite revenir plus tard à un poste de direction, le prochain employeur d’Aude Lancelin serait bien avisé de lire cette exécution s’il veut savoir ce qui l’attend », ibid.

« Aude Lancelin a exercé sa fonction dans le but de redonner au journal un lustre qu’il avait perdu, en y faisant revenir de nombreux intellectuels de tous bords, passant commande d’articles à tous les journalistes de la rédaction capables d’y répondre, menant les projets à bien, disant clairement oui ou non aux projets soumis. De toute évidence, la relance de l’Obs passait, pour elle, par une reconquête de son rôle de journal leader dans le monde des idées. Elle n’a cessé de stimuler les collaborateurs dans ce sens, en leur transmettant idées et livres, et de répondre à leurs propositions. Consciente des difficultés que traversait le journal, elle avait compris qu’il ne vivrait qu’au prix d’une qualité exceptionnelle ; elle se savait complémentaire de Matthieu Croissandeau, avait comme lui une vue à long terme, et a construit pierre à pierre un espace qui permettait au lecteur exigeant d’accorder sa confiance à son hebdomadaire. C’était un travail de longue haleine qu’elle a entrepris aussitôt nommée, et qu’elle a effectué sans faiblir. En témoigne le succès de toutes les “Unes” consacrées aux idées, aux philosophes – nous sommes nombreux à déplorer qu’elle n’en ait pas obtenu plus souvent, puisqu’elles allaient dans le sens d’une relance du journal », Jacques Drillon à son sujet, dans le mémoire en défense de Me Bourdon lors de son procès aux prud’hommes pour contester son licenciement, octobre 2017.

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