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  • Petite revue d'actualités sur des sujets divers: géopolitique, économie, santé etc.... Le titre est inspiré de l'ouvrage de Joël de Rosnay : "le macroscope - Vers une vision globale" - 1er février 1977 Une introduction à l'étude des systèmes complexes.
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27 septembre 2019

Julien Aubert parle d’éducation et d’identité française

L'éditorial
Jean-Paul Brighelli
Publié le 25/09/2019           //   valeursactuelles  
Julien Aubert parle d’éducation et d’identité française
Chapô

Député Républicain du Vaucluse, Julien Aubert est aussi candidat à la présidence de son parti. Il est aussi le seul à s’intéresser véritablement à l’Ecole, et plus globalement à la culture. Je l’ai rencontré, et voici, résumé en quelques questions / réponses, ce qu’il m’a confié.

 

Jean-Paul Brighelli: Il y a moins de quinze jours, vous m'avez invité, à Lourmarin, en compagnie de François-Xavier Bellamy, à m'exprimer sur la question centrale de la langue française. Vous qui avez jadis poussé le respect de la langue jusqu'à risquer une amende à l'Assemblée pour ne pas avoir voulu commettre une impropriété en disant "Madame la présidente", pouvez-vous nous expliquer en quoi, selon vous, l'appauvrissement de l'enseignement du Français à l'école menace la cohésion nationale ?
Julien Aubert. La première condition pour penser un avenir commun c’est de pouvoir communiquer et de savoir d’où l’on vient. La langue est à la fois véhicule de sens et de culture, et remplit donc les deux fonctions vitales d’une Nation. Qu’est ce qu’être Français ? Déjà parler la langue française.

Plus largement, la France peut-elle se satisfaire du rang très médiocre qui est désormais le sien dans les classements internationaux en matière scolaire ou universitaire, que ce soit PISA pour le Secondaire ou Shanghai pour le Supérieur ?
Je me méfie des classements internationaux car il faut toujours comprendre comment ils sont faits et sur quels critères. Je n’ai pas besoin de Shanghai pour constater que l’orthographe est devenue indicative, la grammaire sommaire, et la ponctuation un élément de communication indépendant. On ne peut pas accéder au Savoir (mathématiques, Histoire, philosophie, économie...) si on n’a pas la clé d’entrée - le sens des mots. J’aimerais un jour que toutes les classes de Cm2 du pays repassent les épreuves du certificat d’études de 1967, avant la grande rupture pédagogique, pour voir à quelle profondeur nous sommes descendus. Je dis 1967, car Mai 68 a déconstruit l’école de la République. Mon directeur au collège, qui était né dans les années 30, me disait qu’il avait eu 9/10 à la dictée car il avait oublié un point sur un « j ». La langue est aussi un miroir de nos exigences.

Certaines inflexions que Jean-Michel Blanquer tente d'imposer au "mammouth" éducatif semblent aller dans le bon sens. Ne faudrait-il pas aller plus vite, et plus fort ?
Je suis partagé sur la politique de Blanquer. J’apprécie l’homme. Mais le désossage des classes scolaires dans la ruralité m’a heurté. Je crois qu’il faut changer de modèle : rétablir de l’exigence en fin de CM2 sur les acquis fondamentaux, réintroduire le redoublement, mettre fin au collège unique, revoir l’apprentissage pour le rendre attractif, et surtout revoir la mission de l’école : elle n’est pas là pour créer des petits consommateurs ou des employés modèles. Elle est là pour créer des citoyens avertis.

Vous étiez à l'ENA en même temps qu'Emmanuel Macron. La suppression de la culture générale au concours d'entrée de l'Ecole, la suppression du concours à l'entrée de Sciences-Po, tout cela va-t-il dans le bon sens ? Ne risque-t-on pas, en s'attaquant à la pratique républicaine des concours, de substituer à l'élitisme républicain un favoritisme de classe qui ne dira pas son nom ?
Evidemment ! L’américanisation fait des ravages. Il faut rétablir la méritocratie, la notation, et arrêter de vouloir surprotéger les élèves en supprimant toute dimension de compétition : la société est compétitive. Il est hypocrite de plaider pour un égalitarisme de façade qui se termine par des quotas, des pistons et l’exclusion des classes moyennes.

La principale Fédération de Parents d'élèves, la FCPE, s'est tout récemment lancée dans une campagne appelant à la participation de mères voilées aux sorties scolaires. Aussi bien Luc Chatel en son temps que Jean-Michel Blanquer aujourd'hui se sont élevés contre un tel mépris du principe de laïcité. Quelle est votre position sur la question ? Faudrait-il renforcer la loi de 2004, qui interdit la manifestation de toute croyance ostensible à l'école ? L'étendre par exemple aux universités — ou aux hôpitaux, où trop souvent les considérations religieuses entrent en conflit avec la pratique médicale ?
Les sorties scolaires sont un cas ambigu, à cheval entre espace public et service public. Un cas gris. J’ai reçu des mamans qui ne comprennent pas l’ostracisme. Le sujet est très éruptif car en réalité on grignote bout par bout la laïcité. Je suis pour un principe général d’interdiction lorsqu’on est auxiliaire d’un service public ou dans les espaces non privatifs (hors voie publique). Néanmoins plutôt que de criminaliser le port du voile, je préfèrerais qu’on sanctionne le refus d’enlever le voile lorsque la demande émane d’une autorité légitime parce que cela trouble l’ordre public. Cela permettrait de débattre non pas de la liberté de porter ou pas ce que l’on souhaite, mais plutôt de l’acte d’insoumission ou de rébellion.

Au-delà du strict point de vue éducatif, dans quelle mesure l'identité française est-elle aujourd'hui menacée ? Et comment la restaurer ?
L’identité est en question car nous avons perdu notre souveraineté, c’est-à-dire le droit de décider. Quand on ne contrôle pas ses frontières, on finit par se réveiller en se demandant pourquoi sa rue d’enfance a tant changé. On a aussi démissionné : il faut revenir à l’ordre républicain. Pas d’hystérie, pas de phobie, pas de chasse aux sorcières. Dans la société du « tout à l’égo » où chacun veut imposer sa règle, on doit réaffirmer une norme collective qui permet l’assimilation républicaine et la coexistence. Cela vaut pour le burkini comme pour l’écriture inclusive.

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